Emmanuel Lepage se souvient bien aussi. Et il a voulu aller dessiner cet anéantissement de plus près. Tu te retrouves avec une oeuvre brûlante entre les mains. Tu ressens absolument tout dans son trait: la vie figée, la terreur, le noir et la nature qui combat, le vert trompe l'oeil qui colonise le secteur, le vert mortel qu'on ne peut même pas caresser tant il est irradié, presque trente ans après. Alors il dessine un documentaire époustouflant. Une histoire monstrueuse dans laquelle le monstre est indicible, seul le bip du dosimètre empêche d'oublier son existence et rappelle qu'on ne ramasse rien qui a été en contact avec le sol...pas même le crayon, indispensable au dessinateur.
Un Printemps à Tchernobyl, Emmanuel Lepage, éditions Futuropolis