A. Des Origines du totalitarisme à Condition de l’homme moderne
1. La théoricienne des commencements confrontée à de nouveaux commencements
Hannah Arendt peut être vue, avant tout, comme la théoricienne politique des commencements[1]. Tous ses livres sont des récits de l’inattendu (que cela concerne les horreurs inédites du totalitarisme ou l’aube nouvelle des révolutions) et les réflexions sur la capacité humaine à commencer quelque chose de nouveau imprègnent sa pensée[2]. Quand elle publie Condition de l'homme moderne [3] en 1958 elle adresse elle-même quelque chose d’inattendu au monde, et cinquante-six ans plus tard, l’originalité de ce livre est plus forte que jamais.