Le temps et l’espace... Les dimensions se confondent. Vautrin reprend forme humaine. Plus besoin de reflet, de miroir, il pénètre enfin dans notre monde. Il se délecte de l’odeur de mort. Bientôt il aura supprimé la vie à la surface de la Terre. Il est le Dieu de la mort. Combien de civilisations sont tombées devant lui ? Larsan lui a ouvert la porte. Plus rien ne peut arriver. Il est de l’autre côté. Une rue déserte de New York. La neige recouvre les vieux immeubles délabrés en brique. Il passe devant un kiosque à journaux jaune abandonné. Il a attendu des millénaires pour ce moment, il s’est appliqué à corrompre les esprits des plus puissants, en formant le Club de l’araignée. Il ricane. L’homme est faible. Ces politiques, ces financiers, qui préparent sa venue s’attendent à une place de roi, mais ils n’auront rien, car il a faim. Il s’apprête à consumer des milliards de vies en faisant bien attention à se délecter de chaque âme. Il regarde le Soleil au-dessus de lui. Quand il aura fini, tout cela n’existera plus, restera un trou noir. Il marche doucement, il a le temps. Il compte sur son Club pour lui avoir préparé son garde-manger.
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Un enfant joue dans la rue. Il lève les yeux et part en courant.
Une vie. Il ne la laissera pas partir. Il va le traquer. La ville est déserte, le Club a bien travaillé. Il avait été clair dans ses directives : les parquer dans un endroit où il n’aurait qu’à se servir.
Il arrive dans une impasse — Il n’y a pas d’échappatoire petit ! Il fait face à un groupe d’enfants. — Des rebelles à ce que je vois ! Des vies naissantes. Il lève les bras et se régale d’avance d’anéantir l’adulte qu’ils auraient pu devenir. Il se jette sur eux. Soudain une lumière bleue intense. Il ressent comme un pincement dans sa poitrine. Que se passe t’il ? Il a mal. Le groupe composé de trois garçons et deux filles crie à l’unisson « Illuminarium » ! De la magie ! Ils tiennent dans leurs mains une baguette semblable à celle de Larsan. Ils répètent le mot « Illuminarium ». Vautrin est projeté en arrière. — William ! Que s’est-il passé. Qu’est-il arrivé ? Il a tué ce satané magicien. Il ne devait... La femme. C’est la femme qui est derrière tout ça. — Illuminarium ! Du sang tombe sur la neige immaculée. Le sien ? Il pousse un grognement. Cette fille est une erreur. Comment a-t-il pu être aussi aveugle ? Il a été obnubilé par le magicien. Elle n’était qu’un pion pour lui, un détail sans importance dans son plan. — Misérables ! Il va les détruire, ses mains s’embrasent. Plus le temps de prendre leurs âmes. Il veut juste les anéantir. Un puissant rayon de lumière le frappe à nouveau. Il se retourne. Une vielle femme le vise avec une baguette de magicien. — Illuminarium ! répète-t-elle. Des visages apparaissent aux les fenêtres des immeubles qui l’entourent. — Illuminarium. Les voix sont maintenant une centaine à répéter ce même mot. Un groupe d’hommes et de femmes surgissent dans la rue et l’agressent en répétant la même incantation. Ils sont trop nombreux. Il doit disparaître. Il s’envole au-dessus de la ville avant de se poser sur le toit d’un building. Il lui faut du temps pour retrouver ses esprits. Le silence. Il reprend son souffle. Il pousse un cri. Le visage de Larsan ! Il se tourne à droite, à gauche, mais toujours le même spectacle. Sur les façades de la ville de New York s’affiche la tête de William avec le nombre 2030 imprimée en dessous. Il comprend. Vingt ans. Il est arrivé vingt ans plus tard que prévu ! — La garce ! Le temps est malléable comme l’espace. Elle s’est jouée de lui. Elle a choisi le lieu et l’époque de son arrivée sur terre. — Qu’as-tu fait espèce de garce pendant 20 ans ! — J’ai préparé ma vengeance ! Les cheveux gris, le visage marqué, Maria apparait. Elle porte la longue cape noire de Larsan. — Tu as tué celui que j’aimais ! — On ne s’oppose pas à ma puissance. Tu vas l’apprendre à ton tour ! — Tes fidèles sont morts ! — Je ne sais pas ce que tu as fait, mais je le déferais ! Aucun magicien ne peut me résister. Personne ne possède le pouvoir suffisant. — C’est déjà fini pour toi ! — Je suis un Dieu. Je suis la peur dans l’esprit des hommes. — Tu es déjà mort alors. J’ai remplacé dans leur cœur la peur par la foi en un homme, en sa magie. Elle sort une baguette. — En moi, vit Morgane, la croyance en toute chose, cette idée que la magie est partout et qu’il suffit d’y croire. Durant vingt ans j’ai raconté l’histoire de William. J’ai montré que la magie était possible. Mon histoire, et celle de Larsan sont devenues les leurs et ils se sont mis à espérer. Le sacrifice de William n’a pas été vain. Grâce à mes pouvoirs, j’ai modifié le temps pendant que vous vous affrontiez. Revenue sur terre, j’ai pu préparer mon armée. REGARDE AUTOUR DE TOI ! Sur les toits des immeubles, des hommes, des femmes et des enfants, tous vêtus d’une cape noire et d’un chapeau lèvent leur baguette de prestidigitation vers le ciel. — L’esprit de l’homme que j’aime est en chacun d’eux. Même ta puissance ne peut lutter contre ça. Vautrin pousse un cri. Il ne peut pas laisser faire. L’univers est sa toile, il est l’araignée qui se nourrit des galaxies. Ils ne sont que des moucherons. Son corps se transforme. Des pattes d’araignée poussent le long de son torse. Bientôt il sera aussi grand que cette maudite planète bleue et l’avalera. Maria lève les bras. Les habitants de la terre exécutent un mouvement de baguette identique au même instant. Dans le monde, les hommes savent que c’est le moment tant attendu. La terre, des milliards de vies, cinq lettres. Ils répètent le même mot. — LARSAN !!!!!!!!!!!!!!!!!!
Vautrin disparaît, réduit au néant, perdu dans l'immensité de la galaxie. Le plus puissant des destructeurs, le Dieu de la peur qui a anéanti tant de planètes, tant de civilisations, causé tant de guerres dans le cosmos a été anéantit par un seul mot : LARSAN ! Les hommes ont été plus forts que les Dieux. Maria s’effondre Elle connait le prix à payer. Vautrin n’est plus. L’univers doit se rééquilibrer. Le club de l’araignée n’a jamais été créé. Son histoire ne s’est jamais passée. La cohésion de l’univers est à ce prix. Elle a redonné l’espoir, elle a offert un nouveau futur au monde. Mais elle doit tout oublier. Tout recommencer si elle veut sauver la vie de Larsan. Elle l’aime. Peu importe qu’elle l’oublie ou le contraire. Il vivra ! La magie a un prix surtout quand elle est utilisée par sept milliards d’êtres humains. Elle pleure.
Le temps et l‘espace reprennent leur place. Le monde se reconstruit. Vautrin n’existe plus. L’Histoire se réécrit.
20 ans auparavant... Une place à Caen.
La pluie tombe sur la petite place pavée du théâtre de Caen. Devant le théâtre, assis sur les marches en béton, un jeune homme tape du pied en attendant son amoureuse. Maria traverse la place. Elle passe une sale journée : rendez-vous à Pôle Emploi et toujours pas de travail. Trop qualifiée, trop jeune, pas assez d’expérience. Et pour finir, ce temps ! Heureusement, elle a pensé à prendre son caban bleu. Devant elle, une vieille dame tire de toutes ses forces un caniche blanc qui semble hiberner sur les pavés. — Bouboule ! Viens avec Maman ! Son portable sonne, elle décroche. Le chien se redresse. Il jette un regard en direction de sa maîtresse puis aboie. Il se décide : il tente une évasion. D’un mouvement brusque, il tire sur sa laisse qui glisse entre les mains de sa maitresse qui le poursuit, mais tombe sur les pavés mouillés. Un souvenir du passé. Maria tourne le dos. Le chien s’arrête aux pieds de la jeune fille avant de retourner en direction de sa propriétaire. Personne au bout du fil. Maria continue sa route. Elle s’arrête Une colonne sur laquelle sont placardées des affiches pour un spectacle de magie. Elle se penche et lit : « William Larsan, le célèbre magicien sera là pour un spectacle exceptionnel dans votre ville. » Elle sourit. « Découvrez ce grand prestidigitateur dans un spectacle unique. » Son regard se pose sur un bandeau orange collé par-dessus les affiches sur lequel est imprimé « Complet ». — Journée de m.... — Je peux vous avoir une place si vous voulez. Elle fait volte-face. Larsan se tient devant elle. — C... C’est vous sur l’affiche ? Il lui sourit — C’est bien moi. Vous êtes mon invitée pour ce soir.
— Je.. — Ne vous inquiétez pas ! Je vous dois bien ça. Le cœur de la jeune femme frappe dans sa poitrine. Il lui semble connaître cet homme. — Mer… Merci. Il quitte le parvis en souriant. — À ce soir Maria ! — Vous connaissez mon... mon prénom. Il est déjà parti.
À suivre...
Retrouvez-nous le samedi 7 février pour l’épilogue de notre fantastique aventure !