L’inondation du 4 novembre 1966, dont a souffert Venise, figure parmi les plus importantes depuis 1900.
La pire Acqua Alata avait décidé le gouvernement à construire des digues de protection entre la mer Adriatique et la lagune. Ces catastrophes à répétition endommagent les fondations des édifices vénitiens mais portent surtout atteinte à la vie socioéconomique de la ville. Le scientifique Roberto Frassetto intervient sur la question alors que les barrières mobiles, toujours en construction, qui sont aujourd’hui l’objet d’un énorme scandale de corruption mafieuse et politique.
Ainsi que l’écrivent les experts de l’UNESCO en 1968, "Comme question à propos de l’environnement physique, Venise est un excellent modèle de recherche. Cette ville est en proie à presque tous les effets négatifs de l’environnement physique qui menacent les villes du nord du monde"
Roberto Frassetto s’est impliqué dans cette direction et a beaucoup travaillé sur Venise. Il a étudié le mécanisme des marées à Venise, l’affaissement du sol et la pollution. Puis en ligne avec son objectif scientifique principal, il a pensé à l’existence d’un service public, parce que c’était la seule façon par laquelle l’éducation et la recherche peuvent arriver à quelque chose d’utile pour tout le monde. Un objectif noble, qui, grâce à l’enthousiasme de Frassetto, ainsi que le prestige de Venise, lui ont valu l’aide de collègues internationaux et l’UNESCO.
Sa limite, mais aussi, peut-être, sa force, était dans une aversion marquée pour le compromis tel qu’il est exigé par les politiciens. Frassetto est convaincu que la vérité scientifique est une vérité scientifique, et aucune pression ne peut la changer.
C’est un homme, qui, par exemple, ne se fait pas d’illusion quant à l’avenir que l’on propose aux vénitiens, par exemple, sur la question d’une réduction du trafic des navires le long des canaux : "Nous ne pouvons pas nous attendre à voir ces gros bateaux disparaître, pour revenir aux gondoles. Nous vivrions dans un monde imaginaire."
Nous mesurons la vitesse de l’eau, son niveau, la pression atmosphérique, vitesse et direction du vent, puis nous insérons toutes ces informations dans le modèle mathématique mis au point sur ordinateur, qui nous dit ce qui va se passer presque partout dans la Lagune.
Un exemple simple : si vous entrez les mesures faites avec les instruments à l’embouchure du Canal du Lido, l’ordinateur va nous dire immédiatement comment les eaux vont se comporter quand elle atteindront la Punta della Salute, 5 miles plus loin.
Les calculs sont très complexes. Les équations portant sur plus d’un millier de facteurs avec des valeurs spécifiques et différentes. Nous devrions faire une énorme quantité de calculs, que seul un ordinateur est capable d’effectuer.
Les chercheurs du Palazzo Papadopoli ont élaboré une méthode permettant de prédire quand une combinaison donnée de facteurs pouvait causer une inondation à Venise. Le système a été testé pour la première fois le 15 en Janvier 1968, lorsque l’Institut a été en mesure de prédire l’acqua alta avec une précision remarquable. En 1975, lors des graves inondations de Novembre, il a pu donner l’alarme plus de 6 heures avant.
En 1975 Frassetto était devenu un gêneur pour le gouvernement italien, qui a décidé de le promouvoir en lui confiant d’autres postes loin de Venise, et la nomination d’un nouveau directeur à la présidence de l’Institut.