Négocier ses dettes avec ses créanciers, c’est possible !

Au Québec, c’est bien rare que l’on pense à négocier. Disons que ce n’est pas un réflexe naturel de négocier, de peur d’avoir l’air radin. Pourtant, c’est bien à notre avantage d’économiser où c’est possible, surtout quand on se retrouve en difficultés financière.

D’accord, mais qu’est-ce que je peux négocier? Bien entendu, c’est plus facile de négocier des pneus d’hiver sur une nouvelle auto qu’un rabais à l’épicerie. Pourtant, plusieurs choses se négocient auxquelles on ne pense même pas. En tant que syndic de faillite, je suis bien placé pour vous dire que négocier vos dettes, c’est possible! Si cela vous intéresse, cet article vous guidera à travers les étapes.

Avez-vous besoin d’aller voir un syndic de faillite pour négocier vos dettes? Pas nécessairement! Selon la gravité de votre situation, vous pourriez négocier une entente vous même. Sinon, avec le syndic, vous pourrez explorer toutes vos options.

Bon, maintenant que votre décision est prise de négocier vos dettes, il faut déterminer ce que vous voulez obtenir? Généralement, on peut négocier :

1. des meilleurs termes de paiement (une période plus longue pour payer); et/ou
2. une pause temporaire des paiements; et/ou
3. un taux d’intérêt réduit; et/ou
4. même parfois, une diminution du montant de la dette.

Il faut aussi noter que c’est toujours plus facile de négocier une entente avec ses créanciers quand on n’est pas en retard dans ses paiements et que nos problèmes financiers sont temporaires. Si votre budget est irréaliste et que vos dettes sont excessives, ce serait surprenant que vos créanciers prennent une entente directement avec vous. Dans ces cas, il faut se tourner vers une solution formelle comme la proposition de consommateur.

Vous devriez aussi être conscient que suite à la négociation avec vos créanciers, ceux-ci pourraient vous demander de cesser d’utiliser vos cartes de crédit ou pourraient refuser de vous consentir de nouveaux prêts dans un avenir rapproché.

Pour maximiser vos chances de réussites, vous devriez suivre cette approche, étape par étape :

1. Faites un budget

Avant même de pouvoir faire une offre à vos créanciers, vous devez connaitre vos moyens. Combien pouvez-vous vous permettre de rembourser chaque mois? Vous pourrez répondre à cette question après avoir fait votre budget. Vous devez savoir à combien s’élève vos dépenses essentielles et vos revenus pour déterminer votre capacité de remboursement. À la fin de cet exercice, vous devriez savoir combien vous pouvez payer à chaque créancier par mois.

2. Déterminez vos offres

Une fois que vous savez combien vous pouvez rembourser par mois, vous devez déterminer combien vous proposerez à chaque créancier. Si, par exemple, vous pouvez offrir 200$ par mois à VISA, vous devriez commencer par leur proposer 100$ par mois. Ils vous reviendront probablement avec une contre-offre à 300$ par mois. Si vous arrivez à une entente à 200$ par mois, vous aurez eu ce que vous vouliez.

3. Déterminez vos termes

Peut-être êtes-vous capable de payer un 200$ par mois à un créancier, mais ce serait peut-être plus facile de mettre vos paiements aux 2 semaines pour les synchroniser avec vos chèques de paie. 100$ aux deux semaines permet à vos créanciers de toucher un peu plus d’argent et vous permet de faciliter la gestion de vos paiements.

Par la même occasion, vous pourriez demander à vos créanciers de réduire de votre taux d’intérêt. En leur offrant de vous mettre à jour dans vos comptes, par exemple, vous pourriez demander cette faveur. On ne perd rien à demander!

4. Ayez une alternative

Vos créanciers n’accepteront pas votre offre simplement parce que vous la demandez. Vous devez leur faire comprendre que s’ils n’acceptent pas votre offre, vous ne serez pas en moyens de faire vos paiements. Dites-leur que vous devrez vous tourner vers la proposition de consommateur ou même la faillite s’ils refusent. Ils préfèreront votre offre de remboursement à une faillite personnelle.

Assurez-vous simplement que votre histoire tienne la route. Si vos créanciers pensent que vous n’êtes pas en si mauvaise posture, il vous faudra des arguments pour leur prouver le contraire.

5. Demandez une offre écrite

Une fois que vous avez négocier une entente avec un créancier, demandez lui d’avoir les détails par écrit. Sinon, vous risquer de vous retrouver avec de nouveaux appels d’agences de collection qui tenteront de négocier une nouvelle entente avec vous. Comme on dit, les paroles s’envolent mais les écrits restent. Protégez-vous et assurez-vous d’avoir un courriel, une lettre ou une télécopie qui confirme votre entente.

Soyez tenaces avec vos créanciers. Ceux-ci ne se plieront pas à toutes vos demandes, mais ils accepteront de négocier par peur que vous deveniez insolvable et que vous deviez faire faillite.