Pardonnez-leur

Publié le 31 janvier 2014 par Alteroueb

ils ne savent pas ce qu’ils font…

Donc, si j’en crois l’affichage sauvage aperçu ce matin, le cirque de dimanche dernier, avec son cortège de slogans et de gestes nauséabonds va se reproduire, et pas qu’à Paris. Ces défilés, ainsi que les conséquences de cette contestation ont fait couler beaucoup d’encre au point qu’une poignée d’enfants ont été retirés de l’école publique et républicaine le temps d’une journée… A première vue, le phénomène pourrait sembler sérieux, mais dès qu’on jette un œil sur les pancartes, qu’on perçoit les slogans et les motivations, je n’ai pu m’empêcher de rire. Franchement.

Derrière toute la gravité des sujets abordés, face aux cris d’orfraie poussés ça et là, je me suis follement amusé. Parce que mobiliser à ce point sur les thèmes comme l’apprentissage de la masturbation dès la maternelle, il fallait le faire. Le plus dingue, c’est ce volume insensé de crédulité qui pousse ces gens à brandir avec le plus grand sérieux des pancartes contre l’avortement désormais obligatoire, contre le meurtre légal et gratuit (si si), contre la promotion de la fameuse fumeuse théorie du genre, contre l’homoséxualité et autres joyeusetés de cette espèce, le tout présenté obligatoirement aux enfants captifs. Les têtes pensantes ont vraiment fait très fort : il y aurait même distribution de peluches de pénis et de vagins dans les maternelles…. et tous sont descendus dans la rue pour le dénoncer. Incroyable. C’est trop drôle.

Il faut tout de même admettre que le message s’adresse à un population assez coutumière à gober n’importe quoi. C’est forcement vrai puisque Monsieur le curé l’a dit. D’ailleurs, rien de ce qui concerne la famille et l’éducation des enfants ne lui est étranger. Parfois, souvent, il s’en occupe même d’un peu trop près. Pour ma part, je ne peux m’empêcher de croire que pour exprimer des telles peurs et exprimer des concepts aussi décalés que la masturbation et la maternelle, il faut être quelque peu névrosé soi-même… Là, c’est nettement moins drôle.

Les adeptes extrémistes de religions diverses ne sont pas les seuls adeptes de la manipulation. En dehors des conservateurs et réactionnaires indécrottables, il y en a, ouvriers, indigents et précaires, paysans, chômeurs, sans grades divers, qui ont cru aveuglement il y a 7 ans aux boniments d’un homme providentiel qui assurait chercher la croissance avec les dents, qui promettait 5 % de chômage et 0 SDF en fin de mandat. On a vu le résultat : il aura juste creusé le trou de la dette publique de 600 milliard de plus, en faisant en sorte que ces quelques euros tombent dans la poche de ses copains. Aujourd’hui, Sarkozy apparaît sans apparaître, mais laisse filtrer un message insistant de retour sur la scène politique, ce qui est franchement une très bonne nouvelle pour 2017. Et la méthode ne change pas : il bave par allusions sur l’action du gouvernement en occultant évidement que si la société est actuellement autant clivée, c’est principalement le résultat de cette politique sarkozyste empreinte de populisme malsain. Attiser la haine, et se présenter en sauveur est une posture désormais bien trop éventée. Dans le marasme actuel, cette demi-annonce m’a arraché un sourire parce que la campagne de 2017 face à Sarkozy sera largement plus facile que face à un Fillon, Copé, Juppé, Jacob, Bertrand ou autre…

En attendant, il faut faire avec ce sketch permanent, ce concours de bras tendus, de pancartes et de dessins qui finit par être lourd et nauséabond comme Dieudonné. C’est la démocratie qui s’exprime. Elle est imparfaite, comme tout ce qui se trouve en ce bas monde. Mais quand même. Dire que dans le bureau de vote que je fréquente, l’isoloir voisin est peut-être occupé par un de ces marcheurs du dimanche qui refuse que sa fille joue avec des petites voitures, et qui joue à pile ou face avec la démocratie selon ce que quelques dégénérés lui auront intimé de voter… Voilà qui devrait faire réfléchir.

Et ne vous inquiétez donc pas du lendemain, car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. (Mat 6-34)