Les conservateurs ferment des bibliothèques scientifiques

Publié le 31 janvier 2014 par Ecoactualite @ecoactualite
Mots-clés: Bibliothèque scientifique, Fermeture, Gouvernement conservateur, Stephen Harper, Savoir scientifique

Des milliers de livres et revues scientifiques
... aux poubelles (source: Le Monde)

Fermeture de bibliothèques nationales. Destruction et perte de milliers d’ouvrages scientifiques. Voilà ce que nous réserve les plus récentes décisions du gouvernement conservateur, ayant annoncé la fermeture de 11 bibliothèques scientifiques nationales spécialisées dans la vie marine. Après le retrait du protocole de Kyoto et la fermeture de plusieurs laboratoires scientifiques, cela semble s’inscrire à merveille dans la lignée des dernières actions prises par le gouvernement face à l’environnement.
Suite à l’annonce de ces nouvelles mesures, la ministre des Pêches Gail Shea soutient « qu’il ne serait pas équitable pour les contribuables de payer pour des bibliothèques que très peu de gens utilisent ». Le gouvernement conservateur, ne mâchant pas ses mots à cet effet, a donc fait savoir que la conservation de ces 11 bibliothèques constituait un fardeau pour la société.
Leurs arguments sont basés principalement sur la faible popularité de ces lieux, qui ne seraient visités que par une maigre poignée de personnes seulement, outre les gens provenant des ministères directement. Évidemment, l’argument budgétaire ne convainc personne quand ce gouvernement dépense à gauche et à droite pour des absurdités (exemple: cohorte de 200 personnes pour accompagner M. Harper à Israël payé à même les fonds publics).
Cette décision a inévitablement fait couler beaucoup d’encre au sein de la population. Le Canada étant le seul pays au monde bordé par 3 océans, on doit comprendre que de nombreux ouvrages ont été accumulés à ce niveau au fil des années, constituant un patrimoine riche en information.
Il y a donc de quoi s’inquiéter quant à la fermeture de ces bibliothèques et surtout quant à la possible destruction de son matériel. Il y a là des quantités astronomiques d’information sur la biodiversité, les conditions environnementales et les changements climatiques qui sont à risque de disparaître. Certains ouvrages sont vieux de plus de 130 ans et ne se retrouvent nulle part ailleurs, mettant en danger la continuité de l’information.
On parle ici d’une réelle perte du patrimoine scientifique canadien. Des documents rares, voire irremplaçables dans certains cas. Il n’y a donc pas de quoi s’étonner de la polémique autour de cette décision.
La fermeture de la bibliothèque de l’institut Maurice-Lamontagne de Mont-Joli , qui était pourtant prévu en octobre dernier, est retardée du à plusieurs plaintes recevables allant à l’encontre de la décision. Ces plaintes réclament le maintien de la collection de l’établissement, composée de 61 000 ouvrages traitant du domaine maritime.

Caricature de Raeside Cartoons à propos des
désastres environnementaux au Canada

Il y a aussi un débat notable quant aux endroits dont la fermeture s’est déroulée dans un anonymat presque complet. Dans certains de ces lieux, on invitait les gens à venir prendre gratuitement les livres qui étaient soi-disant des doublons d’ouvrages existants. Selon les témoignages recueillis, aucun processus de contrôle n’était mis en place ; on voyait des gens partir avec des cartons complets remplis d’ouvrages probablement très rares!
Pêches et Océans Canada a refusé de répondre aux questions des journalistes à ce sujet et ont référé les citoyens à leur site web pour trouver réponses à leurs questions.
Que s’est-il passé avec le restant de ces livres et ouvrages? Nul ne le sait réellement. Certains chercheurs affirment qu’ils ont été balancés au feu, d’autres stipulent qu’ils ont été numérisés, mais gardés de manière confidentielle au gouvernement.
Cette triste histoire a un impact non seulement sur les scientifiques du domaine maritime et environnemental, mais sur toute la communauté. On a appris plus récemment que des chercheurs de Santé Canada, de peur de perdre l’accès à des documents importants, ont dû prendre des mesures aussi radicales que de cacher certains journaux dans leur propriété!
En outre, le mystère plane sur les réelles motivations du gouvernement à fermer ces endroits. « Si j’étais un jeune chercheur, je serais découragé et je partirais à l’étranger », affirme Peter Wells, chercheur de l’Institut océanographique international d’Halifax. Il y a tout à parier que le débat est loin d’être terminé.
Sources:
http://www.theglobeandmail.com/news/politics/purge-of-canadas-fisheries-libraries-a-historic-loss-scientists-say/article16237051/
http://www.theglobeandmail.com/news/politics/harper-joined-by-up-to-200-people-on-israel-trip-paid-for-by-taxpayers/article16386065/
http://ici.radio-canada.ca/regions/est-quebec/2014/01/09/003-espoir-bibliotheque-institut-maurice-lamontagne.shtml
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http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/archives/2014/01/20140110-132021.html
http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/01/08/le-canada-s-attaque-a-son-patrimoine-scientifique_4344475_3244.html