Le ragondin est un animal d’abord sympathique, vaquant à ses occupations dans les petits cours d’eau et les zones vaguement marécageuses. La bestiole n’a qu’un seul défaut, qui, accolé à sa libido insatiable (avec production des ragondinets en rapport), a des conséquences parfois désastreuses : il sape. De ses petites pattes, il creuse les berges des ruisseaux, berges qui à terme s’effondrent, entraînant dans l’onde pure le jardin de tante Zoé et le potager de monsieur Jacques. Si, c’est vrai, je l’ai vu dans la Seugne à Jonzac (Charente-Maritime).
Mais ce n’est pas sa faute, au ragondin. Il vivait peinard en Amérique, se faisant boulotter une partie de la descendance par les caïmans (pour réguler une population à la démographie galopante, c’est très bien le caïman), lorsqu’il fut introduit en Europe, fin XIXè siècle, pour sa fourrure : nettement moins cher que le vison, les fabricants de manteaux du temps d’avant Brigitte Bardot y ont vu leur intérêt. Et puis vous savez ce que c’est, la mode ça va ça vient, et les fabricants eurent des périodes creuses. Les éleveurs relâchèrent alors les petites bêtes, qui se multiplièrent et s’égaillèrent un peu partout dans la nature, jusque sur l’incontournable bassin
d’Arcachon (où furent prises les deux photos qui illustrent cette note).Là où il ne détruit rien, l’animal dispose d’un capital sympathie non négligeable, tout craquant qu’il est lorsqu’il tient sa carotte entre ses mimines de devant. Par contre, dans certaines régions, l’animal pose vraiment problème. C’est notamment le cas en Brière, dans le sud de la Bretagne, où ce marais fragile souffre de la destruction de ses berges. Les habitants ont non seulement le droit de le chasser, mais en plus ils le mangent. Si. En terrine. Il parait même que c’est bon, mais est-ce par aversion pour le rat dont il semble proche (en plus grand et meilleur nageur), toujours est-il que je n’ai jamais osé goûter.