Jacky au royaume des filles // De Riad Sattouf. Avec Vincent Lacoste, Charlotte Gainsbourg et Didier Bourdon.
Lorgnant du côté du cinéma de Sacha Baron Cohen, Jacky au royaume des filles, le dernier film de Riad Sattouf (Les Beaux
Gosses) s’amuse et nous offre ainsi un délire gros comme une maison mais absolument jouissif. Le réalisateur et scénariste met en scène ici son second long métrage et le moins que l’on
puisse dire c’est que c’est la foire aux détournements. Mais cela fonctionne tellement bien, notamment quand il s’agit d’inverser la théorie des genres présente dans certains pays où la femme est
la bonne à tout faire et le mari à se faire servir. L’idée est très bien développée, notamment dans une première partie hilarante, enchaînant les dialogues réussis et les séquences potaches.
C’est alors que s’amorce par la suite une seconde partie un peu moins bonne, peut-être pas suffisamment drôle (si l’on compare à la première) mais qui laisse suffisamment de bons twists pour ne
pas se sentir lâché par le scénario. Car le film aurait vraiment de quoi donner une crise cardiaque à Christine Boutin. Jouant également au grand jeu de la confusion, le tout se
laisse avoir par la perspicacité de Sattouf dans le registre comique.
En république démocratique et populaire de Bubunne, les femmes ont le pouvoir, commandent et font la guerre, et les hommes portent le voile et s’occupent de leur foyer. Parmi eux, Jacky, un
garçon de vingt ans, a le même fantasme inaccessible que tous les célibataires de son pays : épouser la Colonelle, fille de la dictatrice, et avoir plein de petites filles avec elle. Mais quand
la Générale décide enfin d’organiser un grand bal pour trouver un mari à sa fille, les choses empirent pour Jacky : maltraité par sa belle-famille, il voit son rêve peu à peu lui
échapper...
J’avais beaucoup aimé Les Beaux Gosses dans mon souvenir et je dois avouer que de retrouver les deux héros et notamment Vincent Lacoste dans ce tout nouveau film
me plaisait tout particulièrement. Cette satire potache des dictatures fonctionne donc du feu de Dieu grâce à une galerie de personnages à la fois perfides et pervers. Que cela soit
Didier Bourdon, brillant en boniche ou encore Valérie Bonneton en « chérife » ayant un malin plaisir à pratiquer le gang bang avec des prisonniers.
Cette dernière me rappelle à quel point cette actrice a énormément de talent et que celui-ci se cantonne bien trop souvent à ce qu’elle fait dans Fais pas ci, Fais pas ça. Elle a
donc ici l’occasion de montrer une autre facette de sa personnalité, beaucoup plus drôle malgré le fait que l’apparition soit si courte. L’alchimie entre Vincent Lacoste et
Charlotte Gainsbourg fonctionne étonnamment bien. Je dois avouer que ce n’est pas du tout le genre de duos que l’on peut attendre au cinéma, surtout quand on voit
Charlotte Gainsbourg dans Nymphomaniac.
Mais le film rigole encore et encore jusqu’à ce que finalement on en garde un très bon souvenir. Cette image de fin, inattendu, conclue à merveille un film déjanté qui ne semble pas avoir de
limites. Comme quoi, Riad Sattouf n’a pas épuisé son comique et flirte alors avec tous les genres possibles et imaginables. C’était un film assez audacieux qui a également eu
droit à un bel étalage de moyens (les décors sont particulièrement soignés). Un soin qui participe à la réussite de ce film qu’il est dommage de voir réduit à peu de salles alors qu’il aurait
certainement mérité d’être montré sur plus d’écrans que des films comme I, Frankenstein sorti cette semaine (dont je vous parlerai un peu plus tard). J’attends déjà avec grande impatience le
prochain délire de Riad Sattouf. Il n’a aucune limite et c’est tant mieux, surtout qu’on ose lui offrir tant de liberté (notamment dans la nudité) dans un pays où le cinéma
comique est assez frileux.
Note : 8.5/10. En bref, hilarant à souhait. Dommage que la seconde partie soit parfois un peu plus plan-plan mais les twists sont là pour donner un second souffle à ce délire.