Titre : Fantasmagories
Scénariste : Carlos Trillo
Dessinateur : Horacio Altuna
Parution : Février 1988
C’est complètement par hasard, au détour d’un rayonnage de librairie BD, que je suis tombé sur « Fantasmagories ». La couverture, signée Horacio Altuna, m’a immédiatement attiré l’œil. Vendu pour la modique somme de 5€, il n’a pas fallu longtemps pour me convaincre lorsque j’ai vu le dessin des planches… Scénarisé par Carlos Trillo, cet ouvrage fait la part belle au fantasme et au rêve. En cela, il se destine avant tout à un public adulte. Mais on est loin d’un ouvrage simplement érotique. Tout cela fut édité sous la forme d’un album classique à la fin des années 80 aux Humanoïdes Associés, dans la collection Images Passion.
Le livre est construit en histoires de plusieurs pages sans lien direct entre elle. Le seul fil rouge est l’univers, une dystopie peu amène. Si l’érotisme est toujours présent, il est plus ou moins appuyé selon les histoires. Ainsi, le pauvre acteur pornographique qui n’a pas pu jouir avant la fin de la journée de travail est très orienté sexe… Le tout reste très sage, on montre peu dans « Fantasmagories ».
Brouiller les pistes
Dans chaque histoire, le personnage principal finit par utiliser une sorte de machine du rêve qui nous transporte dans une « histoire dans l’histoire ». Ce procédé est un peu perturbant, puis on s’habitude à cette mécanique qui brouille les pistes. Si bien que l’on ne sait plus toujours vraiment ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. Ce procédé est bien utilisé et fait vraiment partie du charme de l’ouvrage.
Même si « Fantasmagories » vient titiller les rayonnages de bande-dessinées érotiques, il présente avant tout des personnages très seuls, mal dans leur peau. Il y a une forme de mélancolie qui se dégage des pages. Parfois, les histoires finissent avec une chute humoristique, ce qui fait du bien tant le monde présenté est triste et mélancolique. Une conséquence de l’existence des auteurs qui ont vécu pendant la dictature argentine ?
Concernant le dessin, il est de toute beauté. A lui seul, il est une raison d’acheter cet ouvrage ! Le trait est riche, les femmes superbes et la mise en couleur largement à la hauteur. La couverture, magnifique, est extraite d’une case pourtant très petite dans le livre, mais tellement expressive. Qui plus est, ce type de dessin est très typé années 80, ce qui ne me déplait pas. On n’est loin des couleurs parfois criardes de certaines bande-dessinées actuelles.
Gentiment érotique, « Fantasmagories » possède une ambiance très particulière, teintée de mélancolie et d’une forme de malaise dystopique permanent. Une belle réussite, car l’ouvrage possède une véritable personnalité. Tout cela étant sublimé par le trait d’Horacio Altuna, il serait dommage de passer à côté.
par Belzaran
Note : 16/20