Une nouvelle immunothérapie orale très progressive pour renforcer peu à peu la tolérance, c’est ce que proposent ces médecins britanniques de Cambridge aux personnes souffrant d’allergie aux cacahuètes (ou arachide). Si le concept de l’introduction progressive des substances allergiques n’a rien de nouveau, ici, en procédant avec quelques grammes de farine de cacahuètes chaque jour, les chercheurs parviennent à une acceptabilité équivalente à 5 cacahuètes, ce qui ne s’était jamais vu. Cette nouvelle procédure, présentée dans le Lancet ouvre un espoir de traitement pour l’ensemble des allergies alimentaires.
Cette étude a été menée par des chercheurs de Cambridge sur 104 enfants, âgés de 7 à 16 ans, dûment confirmés comme allergiques à l’arachide, répartis au hasard en 2 groupes. Le premier groupe a reçu chaque jour de la farine d’arachide, en augmentant progressivement les doses de 2 mg par jour et jusqu’à 800 mg par jour, l’autre groupe recevait des soins « standard ».
Après 6 mois de « désensibilisation », 84 à 91 % des enfants ayant reçu de la farine d’arachide se montrent capables de tolérer en toute sécurité 800 mg de protéine d’arachide soit l’équivalent de 5 cacahuètes, soit une tolérance multipliée par au moins 25. L’intolérance des enfants du groupe témoin n’a pas varié. Précisément,
· 62% des enfants du groupe cacahuète ont été considérés comme désensibilisés à 6 mois, vs aucun dans le groupe de contrôle,
· 84 % des enfants tolèrent la consommation quotidienne de 800 mg de protéines de 800 mg, soit environ 5 cacahuètes,
· l’augmentation moyenne de la quantité maximale d’arachide quotidienne tolérée est de 1.345 mg, soit 25 fois le montant initial toléré.
· 54 % ont passé avec succès le test de tolérance avec une dose de 1.400 mg arachide (soit 10 cacahuètes) et 91 % de ces enfants ont toléré ensuite un apport quotidien de 800mg.
· La qualité de vie des enfants désensibilisés est nettement améliorée,
· quelques effets secondaires ont été relevés (nausées, vomissements, diarrhée) mais d’intensité légère ; Seul un enfant traité a eu besoin d’une injection d’adrénaline à 2 reprises.
Cette nouvelle approche semble donc prometteuse, mais sa durée d’efficacité reste à valider. Ces premiers résultats méritent une étude plus approfondie d’immunothérapie orale pour l’allergie aux cacahuètes mais aussi pour d’autres allergies alimentaires. En cas de résultats positifs, les auteurs suggèrent de passer en pratique clinique dans les services spécialisés des établissements britanniques.
Source: The Lancet January 30 2014 doi:10.1016/S0140-6736(13)62301-6Assessing the efficacy of oral immunotherapy for the desensitisation of peanut allergy in children (STOP II): a phase 2 randomised controlled trial (Visuel© Eléonore H – Fotolia.com)
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