L'année dernière à la même époque, je vous avais parlé de cinéma anglais en vous chroniquant notamment deux films ( Broken et The deep blue sea) issus de la Perfide Albion, deux films emblématiques du cinéma anglais contemporain, et que je venais juste de voir et de beaucoup apprécier...
Rebelote cette année, toujours exactement au même moment, un moment opportun puisque va commencer, à partir de demain soir jusqu'au dimanche d'après, le 9 février, la 19ème édition du festival Ciné O’Clock, un festival proposé par le cinéma Le Zola à Villeurbanne, qui met un coup de projecteur sur la production cinématographique de nos voisins d’Outre-Manche avec un large panorama panorama des films britanniques et irlandais qui font l’actualité et offre en exclusivité les oeuvres qui ponctueront l’année à venir.
Ce festival so british propose ainsi quatre avant-premières – Un week-end à Paris, For those in peril, Le petit Lord Fauntleroy et The last days on Mars -, deux inédits – Enqlish revolution et Shell - , un focus sur un réalisateur très particulier : Andrew Kötting, l’excentrique - avec la projection de son dernier film : Swandown - et enfin un hommage à Peter Mullan acteur avec My name is Joe et Peter Mullan réalisateur avec The Magdalene Sisters ; sans oublier non plus la soirée irlandaise avec un documentaire inattendu : Poney kids, macadam cow-boys en cavale de et en compagnie de la réalisatrice...
Si j'ai bien l'intention de profiter des avant premières (notamment un Week end à Paris, le nouveau film du cinéaste Roger Mitchell, auteur de coup de foudre à Nothing Hill, un film romantique qui sort le 5 mars prochain), il y a, dans la programmation, plusieurs films à l'affiche que j'ai déjà eu la chance de voir, dont deux vus récemment qui donnent un bel aperçu de la cinématographie britannique actuelle.
Deux films intèressants, et avec pas mal de qualités, mais qui m'ont quand même un poil moins emballé que ceux dont je vous avais parlé l'an passé.
Commençons, en ce dernier jour du premier mois de 2014, par le premier d'entre eux, Philomena, de Stephen Frears, tiré d'une histoire vraie, plus précisement d'un fait divers qui a donné un livre écrit par Martin Sixmith le journaliste qui est joué dans le film par l'humoriste Steve Cogan ( aux faux airs de François Bayrou),
Dans son nouveau film, Stephen Frears, un auteur dont j'aime bien la filmographie (récemment j'avais bien apprécié Tamara Dreve ou un peu plus longtemps derrière l'excellent " Dirty Pretty Things"), nous dresse le portrait de Philomena Lee et de sa quête éperdue pour retrouver le fils qu'elle a mis au monde dans un couvent alors qu'elle n'était qu'une toute jeune fille, un fils qui lui a été enlevé par les religieuses pour être vendu à un couple d'américains en recherche d'adoption.
50 ans après les faits, alors qu'il ne se passe pas un jour sans qu'elle ne songe à son fils, Philomena fait la rencontre de Martin Sixsmith, un ex-journaliste de la BBC, qui s'intéresse à son histoire et avec l'aide de qui elle va entreprendre de retrouver son fils perdu.
Evidemment le thème fait penser à plusieurs oeuvres britanniques récentes, que ce soit "Magdalene Sisters", le film choc de Peter Mullan il y a une dizaine d'années ou alors, moins connue, mais tout aussi beau, "Une seconde vie", l'excellent roman de Dermot Bolger que j'avais chroniqué ici. Ces 3 oeuvres parlent en effet de ces adolescentes irlandaises brisées et humiliées, dont le malheur se répercuta sur les générations suivantes. Ces jeunes irlandaises, qui avaient le malheur de tomber enceinte, étaient envoyées dans des couvents loin des regards des voisins, et séparées de leurs enfants données à des étrangers pour adoption.
Forcément, ces trois oeuvres ne peuvent qu'attaquer la religion catholique, vu la nature des exactions commises par des religieuses à l'encontre des filles soi-disant perdues qui leur étaient livrées comme des proies. Si, contrairement à Magdalene Sisters, la charge de Stephen Frears est plus nuancée que celui de Mullan ( il faut dire que le film de Mullan était particulièrement agressif), le film m'a paradoxalement sans doute un peu moins convaincu que ce dernier qui m'avait laissé totalement KO à sa sortie.
Philomena, un peu à part dans la production de Stephen Frears, est certes un bon film, bien écrit, (plutot) bien filmé et bien joué, et toutes ces qualités le hissent forcément parmi les bons films à voir en ce début d'année 2014.
Cependant , l'ensemble a quand même un petit coté pépère, notamment dans la mise en scène qui multiplie les champ /contrechamp de façon assez attendue, surtout lorsqu'il s'agit de filmer les gentilles joutes verbales entre notre deux protagonistes. Ces deux protagonistes, qui bien qu'ayant réellement existé, m'ont semblé un poil un peu stéréotypés, notamment dans la dualité "snobinard-intello-athé" contre "prolo-inculte-catho", légèrement trop manichéene à mon goût.
Dommage, car ce Philomena utilise énormément cette dualité de ces deux personnages qui ne ferraillent pas avec les mêmes armes, pour les scènes drôles ou plus émouvantes, et parfois cela fonctionne ( la scène où Judi Dench raconte un livre en entier le long d'un trajet en transport en commun ), d'autres fois cela tombe plus à plat, malgré l'immense professionnalisme des deux acteurs qui visiblement ont eu une grande complicité à jouer ensemble.
Plus concrètement, Philomena devient plus intéressant et touchant dans sa seconde partie, lorsqu'on y apprend un évenement clé (que je vous dévoilerai pas évidemment, on ne spoile pas sur baz'art :o)) qui vient un peu dévier les rails un peu trop évidents de l'intrigue, tout en décuplant l'intensité émotionnelle du sujet.
Un film tout à fait plaisant à regarder, mais qui, en raison des réserves dont je vous ai parlé, ne m'a pas non plus bouleversé comme il a pu bouleverser certains spectateurs. Mais évidemment, que les lecteurs lyonnais qui n'ont pas encore eu la chance de le voir ne se privent pas d'aller au festival Ciné O Clock pour se faire leur propre opinion!!