Passablement irritée par les retards et les suppressions de train, j’attendais mon RER B à Châtelet depuis un moment.
J’ai rendez-vous, je vais être à la bourre, je suis stressée.
Après de longues minutes, ce putain de RER arrive enfin.
Avant de monter dans la rame, je remarque deux filles et un gars qui se font la bise. Je trouve qu’ils ont un petit look d’étudiants.
Je m’installe. Le nez en l’air, je réfléchis.
Puis, dans mon champ de vision, je revois les étudiants.
Ils discutent. Elles sont l’une en face de l’autre et le garçon entre elles. L’une d’elles, me semble particulièrement volubile. Elle parle avec passion, fait de grands gestes, rit beaucoup. Mine de rien, elle touche délicatement le jeune homme au niveau du torse. Elle appuie ensuite un peu sur son avant-bras.
Cela ne semble pas déranger le jeune homme.
La jeune femme continue de discuter et comme si de rien n’était elle repose la main sur son buste. Je me demande s’il est intéressé par elle. Et en le regardant attentivement, je vois qu’il n’est effectivement pas indifférent au rapprochement de la jeune femme.
Par moment, ils se jettent de petits regards, se sourient. La station Luxembourg se profile. Ils descendent et restent très proches physiquement.
Je mettrais ma main à couper que quelque chose va se passer entre eux, vu leur "alchimie". D’un coup, je réfléchis à cette idée. Qu’est ce qui guide l’attirance vers quelqu’un à un moment de notre vie. C’est un mélange de quoi ? C’est quoi la recette ? A quel désir, cela obéit-il ?
Il fut un temps, où je pensais que mon attirance et mes goûts en matière d’homme, ne bougeraient pas.
Oui à une époque où j’étais une jeune fille naïve :-).
Maintenant, j’ai bien conscience que cette attirance vers l’autre obéit à des tas de raisons qui varient avec le temps : un contexte de rencontre, une affinité de goûts, un charme, un physique, des traits de la personnalité.
La seule certitude que j’ai là dessus, c’est que pour moi ça arrive toujours par surprise. A un moment, où je n’y pense plus, où je suis centrée sur moi, sur mes désirs. Sur ce que je ne veux plus dans une relation, mais où je sais aussi que je n’aurais pas une emprise totale entre mon désir et la réalité. Pas de contrôle excessif des choses ou de la situation, j’essaie de lâcher mes idées un peu trop enfermantes.
Je me dis que saisir l’alchimie au vol et l’accueillir comme une belle surprise, c’est déjà bien.
Comme un cadeau que je n’attendais plus.