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Camille Loty Malebranche, les dirigés finissent par subir la fiction d'Etat-nation

Par Alaindependant

« Étatiser aura été jusque là dans la majorité des cas, malgré tout le discours des sciences humaines et sociales au service des infatués de l’asservissement de l’homme par l’homme via les institutions systémiques qui, ainsi, grâce à la structuration étatique, génère la soumission systématique des majorités aux intérêts obscurs des oligarchies. Assujettis et sacrifiés aux plaisirs des oligarchies, les dirigés finissent par subir la fiction d’État-nation laissant croire que la nation est la protégée de l’État qui en garantirait les intérêts. Pourtant inventer des structures de gouvernance distantes du peuple, à commencer par les grands partis politiques, ces nébuleuses où sont présélectionnés ceux que l’on nous présente comme leader du peuple, est, se donner le pouvoir d’utiliser les individus et leur priver du statut effectif de citoyens qui eux, lorsqu’ils existent vraiment, contrôlent l’État. »

Ainsi nous le dit, de nouveau à sa façon, Camille Loty Malebranche. Essayons de le suivre.

Michel Peyret


Engagement citoyen et libération du devenir

29 Janvier 2014

Par Camille Loty Malebranche

Le refus ou l’évitement de toute implication choisie et volontaire - car nous sommes impliqués de fait par le cours des choses - est déjà un abandon au vide, glissement morbide et létal vers le néant et l’asservissement. L’implication consciente et méthodique n’est rien d’autre que l’intervention politique de l’individu manifestant son droit de cité, sa citoyenneté à l’égard de l’État mais aussi vis-à-vis du monde. C’est là que l’implication est engagement à peser dans la balance des décisions et de la conduite de l’existence collective par les dirigeants du monde.

S’engager et s’impliquer est, de l’individu socialisé, la contribution au devenir et à la vie de la société et de la planète ! Vivre, en effet, c’est faire échec à la loi de l’échec, c’est vaincre toutes formes pernicieuses et subreptices du néant masqué, auquel des forces obscures assignent notre condition sociale et planétaire. C’est surmonter victorieusement le faix de l’histoire déviée que nous infligent les dei ex machina, contempteurs de nos vœux d’une société souveraine et pleinement humaine. Vivre la citoyenneté, pour l’homme comme pour la société, c’est dire OUI aux principes vitaux de liberté et de justice, en refusant de se pâmer dans la soumission aux us et coutumes de la ploutocratie. Alors que nous subissons la souffrance infligée par les ploutocrates, ces Charon de l’économie asservissante à travers l’Achéron mortifère de l’idéologie, le temps d’un nouvel engagement pour notre humanité est urgent et nous crie à l’action. Comme la station debout exige le port du corps au contraire de l’horizontalité facile et abdiquante, nous devons exiger d’abord à notre conscience sociale d’être debout et combative. Ni flaccidité, ni mollesse, ni pusillanimité, ni procrastination ne peuvent être admises ou inscrites dans la feuille de route du vrai citoyen se distinguant des ombres errantes si proliférantes de nos métropoles d’automates.

L’un des attributs les plus marquants de la politique est qu’elle est fondatrice et dispensatrice de sens. La politique relève de cette dimension éminemment expressive du génie humain dans sa socialité, qui pousse les hommes à se prendre en main au sein de l’organisation et de l’orientation sociales. La politique vraie, transcendant les caractères individuels, les intérêts particuliers et les contingences ethniques, définit donc, par le pouvoir et la gouvernance, le vivre ensemble des sociétés et la gérance d’elles-mêmes, selon une téléologie, cette projection active vers les finalités poursuivies. Finalités qui doivent leur apporter l’entéléchie, c’est-à -dire l’accomplissement de leur être d’après leurs vœux.

La politique est préétatique en tant qu’elle existait déjà dans les toutes premières sociétés primitives sans État, que dirigeaient des chefferies à fonction rassembleuse dans le principe égalitaire avec le tout de la phratrie qui devait se défendre contre ses ennemis, organiser le culte et échanger avec les phratries amies. Toutefois, l’avènement de l’État dans l’histoire des peuples, au lieu de servir les familles qui composent cet État a profité à ceux qui, par la politique et les structures créées pour leur règne, accaparent pour eux seuls le bien commun. Voilà l’origine de l’oligarchie bâtissant des structures pour dominer le nombre et l’asservir, dénaturant l’essence même de l’État au profit d’un infime groupuscule. Étatiser aura été jusque là dans la majorité des cas, malgré tout le discours des sciences humaines et sociales au service des infatués de l’asservissement de l’homme par l’homme via les institutions systémiques qui, ainsi, grâce à la structuration étatique, génère la soumission systématique des majorités aux intérêts obscurs des oligarchies. Assujettis et sacrifiés aux plaisirs des oligarchies, les dirigés finissent par subir la fiction d’État-nation laissant croire que la nation est la protégée de l’État qui en garantirait les intérêts. Pourtant inventer des structures de gouvernance distantes du peuple, à commencer par les grands partis politiques, ces nébuleuses où sont présélectionnés ceux que l’on nous présente comme leader du peuple, est, se donner le pouvoir d’utiliser les individus et leur priver du statut effectif de citoyens qui eux, lorsqu’ils existent vraiment, contrôlent l’État.

Assumer l’être collectif pour le devenir

La vérité objective nous révèle à nous-mêmes comme un miroir fidèle et sans défaut. Voilà pourquoi, plusieurs préfèrent jouer à l’autruche des demi-vérités et demi-teintes exaltant nos grandeurs, mais raturant les faiblesses, voire les comportements et monstruosités qui nous ravalent et nous retardent en tant que société.

Car là, le traumatisme narcissique imprime un sentiment d’amenuisement qu’il faudrait exorciser seulement par le dépassement de nous-mêmes et notre foi à la perfectibilité humaine ! Pourtant, c’est le gage même de notre humanité que de nous surpasser pour dépasser nos abîmes, sans les ignorer grâce aux ailes de la conscience assumatrice et transcendante qui nous propulse vers les sommets.

Notre autocritique n’a pas à chercher lâchement et complaisamment à nous justifier au bout de quelque épilogue pathétique. Au-delà de nos menteuses et amenuisantes certitudes et autolâtries, il nous faut affronter nos pires tares de société et les éliminer. Ceux qui manipulent, persistent à manipuler, occupent la proue des consciences déviées de la claire vision. L’idéologie dominante est le démon de cette cécité des consciences refusant de voir pour agir et devenir.

C’est d’abord dans l’esprit collectif qu’il faut pourfendre le mal qui le ravage. Réforme des mentalités par l’éducation humano-citoyenne, seule voie révolutionnaire et salutaire des sociétés prises au piège de la ploutocratie.

Les horreurs d’aujourd’hui peuvent s’effacer, et l’apparente guigne, qui pèse sur les épaules de la société comme une malédiction, peut être enrayée. Chacun, dans son champ d’action - et le supplément d’humanité qui lui reste au cœur d’un milieu tellement abêtissant, tellement réifiant, car l’homme n’est jamais totalement bête ou chose - doit projeter les nouvelles valeurs humaines d’assumation de soi et d’estime du soi personnel et social contre la réification idéologique par les ploutocrates.

Le « logos apophantique » d’Aristote, en tant que discours contenant la vérité sur son objet et permettant le discernement du vrai par rapport au faux, encore une fois, est à notre échelle ! Le « grand Refus » marcusien et toute la théorie critique qui, quand même, a amélioré notre saisie de l’histoire à un certain moment, peuvent être adaptés à nos besoins dans l’espace de notre réalité. Toujours, selon la splendide frugalité de la décroissance contre l’imbécile gigantisme et mégalomanie d’une immense frange desdites élites actuellement à la proue des nations.

Il nous faut une nouvelle ère de rationalité autonome et inventive au pouvoir pour la refondation systémique et structurelle, laïque et nationale, qui nous guidera, loin des chefs hiératiques ubuesques de l’histoire, loin des faux messies et des idoles pour refaire notre destin collectif envers et contre des nochers d’enfers, qui n’apportent que ténèbres et dénaturation masqués de fausses promesses.

Ricœur nous parle d’une subjectivité double de l’historien : "son moi de recherche" et "son moi pathétique". (Le premier, selon ce philosophe, s’enracine dans les causes subjectives de la recherche que privilégie l’historien, le second, quant à lui, est celui, qui voit l’historien, comme le philosophe de l’histoire, s’éprendre de personnages sublimes de jadis, par affinité avec eux ; ceux que Ricœur appelle des « autrui de jadis »).

Il est d’usage de considérer l’histoire-écriture comme unité du temps, c’est-à-dire ce qui, nous révélant le passé au présent aide à construire le futur. Je dis que l’histoire-action, est dynamique dans le fil de l’actualité dans le cours du temps, parce que comportant comme Janus deux faces temporelles, l’une rétrospective et l’autre prospective. La rétrospective, constituée de l’ensemble des choix des générations passées dont nous héritons, est un fonds commun épistémique sur l’évolution sociale, quoique lieu de l’inamovible, elle est riche en instructions pour l’action présente. La prospective, elle, est l’espace du pouvoir qui nous permet de tailler le futur et d’en faire notre avenir et celui de nos descendants. Le futur est soit abandon au maîtres du statu quo, soit avenir libéré selon la passivité ou la proactivité des hommes du présent. Ce Janus historique refusant de se figer dans la contemplation d’un futur promis par des élus de l’ordre ploutocratique ou la répulsion devant le passé, exige la parturition active du nouveau par l’implication des hommes et femmes du présent. l’Histoire perçue selon la conscience éclairée de l’homme agissant, conçue comme possible et non comme fatalité dans notre engagement politique, est maîtrise du but par la pertinence temporelle de l’action.

De la volonté la plus résolue des hommes conquérant leur avenir dans les faits, la victoire sur la mafia bancaire et ploutogouvernementale, la défaite des ploutocrates, peut être plus qu’un vœu onirique, plus qu’une disutopie (utopie fantasque et sans issue) d’intellectuels désarmés, mais projection nouvelle de l’aventure humaine qui semble stagnée et gravée dans l’injustice. Ni Érostrate, ni dieu démiurge, l’homme citoyen sait que ses limites et possibles dans l’État sont dans l’action publique concertée avec ses concitoyens et non dans le triste suivisme électoraliste de partis corrompus servant de masque à un quarteron de familles pillardes et esclavagistes qui subjuguent le monde par l’économisme et la finance.

Dans une économie qui a de plus en plus l’allure d’une prison où les puissants milliardaires ont les gouvernements voyous comme geôliers surveillant toute la société humaine soumise à leur pillage et leur financiarisation de l’économie réelle, seuls les esprits libres peuvent briser les murs idéologiques de leur dépendance vis-à-vis de ceux qui exproprient, par la finance et la spéculation boursière, la société de la richesse réelle qu’elle produit. Dans un monde où les élus idoles des votants sont, sauf exception, larbins bien payés des maffieux et des financiers foireux des banques et des bourses, les peuples doivent apprendre à créer leur propre structure de contrôle de la macroéconomie. Si en métaphysique, je suis l’enfant de mon choix de croire ou non, d’être dans le sens ou dans l’absurde ; en politique c’est le Nous qui prévaut et crée le sens. Nous est l’identité libertaire et Je, l’isolement qui laisse faire. Socialement, Nous sommes les enfants de nos choix concertés. Enfants de la passivité asservissante ou volontaires actifs voire proactifs de la libération. Et plus fort que le je individuel, que vienne dans la concertation des forces du changement libérateur le Je qui se bat pour le Nous et avec le Nous.

Je m’engage et nous renaissons, je m’implique, donc nous devenons !

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE


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