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Les petits enfants

Publié le 31 janvier 2014 par Corboland78

Les petits enfants qui reviennent de l’école maternelle avec leur maman me font rire, surtout en cette saison.

Avec leur doudoune et leur bonnet, on dirait de petits pingouins. Ils marchent d’un pas hésitant encore, les bras écartés du corps, trottant durant quelques mètres puis s’arrêtant brusquement pour vérifier si leur mère les suit bien. Sa dandinant de droite à gauche, le regard rivé sur le sol, ils semblent suivre un chemin bien particulier ne répondant qu’à leur logique encore en construction.

Quand deux mères se croisent et s’arrêtent le temps d’une causette, les poussettes tête-bêche, les petits qui savent marcher s’approchent de ceux qui sont vautrés dans leur carrosse et les fixent longuement, s’interrogeant sur ces gamins à peine plus jeunes qu’eux mais pourtant si bébés qu’il faut les transporter. Le langage n’étant le fort d’aucun des deux partis, des mains se tendent, souvent c’est le plus jeune qui propose son jouet au « grand », cadeau de bienvenue comme ces verroteries que s’échangeaient colons et indigènes pour nouer le contact.

Le tout petit agite sa main, l’autre le regarde ne sachant que faire. Bien sûr le jouet lui échappe et roule dans le caniveau plein de gadoue. Dans la poussette on s’agite d’énervement, bras et jambes gesticulent. L’occasion est trop belle, celui qui fait semblant de maîtriser la position debout se précipite, patauge et ramasse l’objet sali, s’en met plein les mains et le rend à son légitime propriétaire qui s’étonne de le récupérer humide et plein de je ne sais quoi qui colle aux mains, puis au visage, puis s’en fiche plein les vêtements jusqu’à ce qu’une des mères ne s’alarme et engueule tout ce petit monde.   

Celui qui marche, court se réfugier dans les jambes de sa mère. Protégé, il jette un œil sur son nouveau copain ficelé dans son véhicule, lequel l’a oublié et se concentre sur son jouet qui n’a plus le même goût que tout à l’heure. Les dames se séparent, il est plus que temps de rentrer préparer le repas de midi. La poussette ramène dare-dare le petiot au logis, tandis que l’autre est bien déterminé à trainer le plus longtemps possible sur le chemin du retour tant il y a à découvrir, une flaque d’eau ici, une brindille bien crasseuse là, un pigeon qui picore sur la pelouse humide, toutes ces choses qui salissent ses chaussures et commencent à rendre folle sa mère.

Aux grands maux, les grands remèdes, maman prend le petit dans ses bras pour aller plus vite ce qui déclenche des pleurs d’énervement ce qui ne manque pas d’impressionner les autres petits enfants croisés sur le trottoir. 


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