Je voudrais illustrer cela par un exemple qui me frappe beaucoup : le manque d'analyse des situations dans lesquelles existe un rapport de forces (il y en a potentiellement beaucoup!).
Bien sûr, l'objectif ultime de la plupart d'entre nous est de parvenir à établir les conditions de la meilleure coopération possible avec ses collaborateurs, sa hiérarchie, ses clients, ses partenaires, etc. Mais vous n'échapperez pas, cependant, à la nécessité d'avoir une vision claire de tous les enjeux, fussent-ils peu apparents.
Voici quelques symptômes qui peuvent laisser penser que vous n'avez pas suffisamment étudié les forces en présence :
- vous allez au combat en vous disant que vous n'avez aucune chance
- vous pensez que de toute façon, l'autre vous en veut personnellement, et qu'un accord est impossible
- vous n'avez pas regardé tous les acteurs qui interviennent, directement ou indirectement, dans la situation qui vous préoccupe
- vous manquez de confiance devant le risque d'un affrontement
- vous n'avez pas pensé à rassembler vos alliés et votre camp avant de vous aventurer sur un terrain difficile
Je vais vous faire une confidence : nous ne vivons pas au pays des Bisounours. Cela signifie que des enjeux financiers, des enjeux de pouvoir et de territoire, des enjeux personnels, des enjeu d'ego aussi, structurent les situations que nous rencontrons. Des personnes peuvent s'opposer à l'avancée de nos projets, voire chercher à nous évincer. Pourquoi faudrait-il jetter là-dessus un voile pudique : les humains, que l'on sache, n'ont jamais fonctionné autrement !
Refuser de prendre en compte la dimension potentiellement conflictuelle des sitations, les désaccords, les divergences d'intérêt, les questions de pouvoir ou les inimitiés, c'est le meilleur moyen d'en subir les conséquences désagréables.
Si vis pacem para bellum, disent les latinistes. Qui veux la paix doit préparer la guerre. Autrement dit, même – et surtout – si vous n'avez pas de goût pour le conflit et n'êtes pas à l'aise dans le rapport de forces, vous devez, pour être confortable et tranquille dans toute confrontation, avoir soigneusement analysé la situation qui se présente à vous sous cet angle – le fameux "combien de divisions ?"
Parfois je demande à mon client de se mettre au paperboard et de dessiner la situation qui le préoccupe. Il peut s'agir d'une négociation avec un client, ou d'enjeux à l'intérieur de l'équipe ou de l'entreprise. Peu importe. Dans cette méthode, l'important est de prendre conscience de tous les facteurs qui interviennent à un moment donné. Et de pouvoir analyser les probabilités de réussite, de dessiner une stratégie concrète, plutôt que de prétendre s'en se reposer sur "l'intuition", qui n'est alors que le paravent derrière lequel on cache une impréparation qui nous placera en position de faiblesse face à toute manœuvre de déstabilisation.
Cette analyse réserve en général à ceux qui la mènent avec leur coach une heureuse surprise : ils réalisent tout à coup qu'ils disposent de ressources inattendues dans des situations qu'ils croyaient perdues, et retrouvent leur confiance. "Je n'avais pas vues les choses sous cet angle-là", est la phrase que j'entends presque toujours, accompagnée d'un grand sourire, quand au terme de ce travail la vision s'est éclaircie et que l'action à mener apparaît toute naturelle. Car le propre d'une analyse approfondie est de dessiner le chemin à suivre pour tirer le meilleur parti de notre situation et des atouts dont on dispose.
NB : je prévois au mois de juin, à Paris, d'organiser une session légère de coaching de groupe (pas plus de 4 ou 5 participants, ½ journée) sur cette question des rapports de forces, pour étudier ensemble les situations apportées par les participants et donner quelques outils. Si vous êtes intéressé(e) d'y participer, faites-le moi savoir.