Le Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP) mandaté par Matignon a remis un rapport officiel qui pose la question des dispositifs de soutien aux énergies renouvelables (ENR) mâtures.
Le constat du CGSP est sans appel. Le système électrique européen ne fonctionne pas. « C’est une politique qui n’a pas atteint ses objectifs », résume Jean Pisani-Ferry, commissaire à la stratégie et à la prospective.
La raison d’être de la politique énergétique et climatique européenne (sécurité d’approvisionnement, préservation du pouvoir d’achat et de la compétitivité, lutte contre les émissions de gaz à effet de serre) est mis à mal par trois facteurs principaux, affirment les experts du commissariat.
Les subventions aux ENR, la crise économique, le marché européen du carbone sont pointés du doigt
Il faut reconsidérer les politiques de soutien aux énergies renouvelables » affirme le rapport. Il ajoute que les tarifs d’achats des énergies renouvelables, à l’heure actuelle subventionnés, ont contribué à la crise du système électrique européen. Une situation qui menace « sérieusement » la sécurité d’approvisionnement, le pouvoir d’achat des ménages, la compétitivité des entreprises ainsi que la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.
La crise économie a quand à elle eu une incidence sur la consommation d’électricité qui a baissé bien en-deçà des prévisions. Résultat le mix électrique européen s’est retrouvée en « surcapacité de production ». Les réglementations en vigueur stipulent que les ENR, en plus d’être subventionnées, doivent bénéficier d’un accès prioritaire au réseau électrique. La montée en puissance des énergies renouvelables se traduit par la fermeture des centrales thermiques devenues non rentable (celles au gaz).
Les centrales thermiques couvrent notre consommation d’électricité en période de pointe et permettent d’ajuster l’offre à la demande. Une flexibilité que ne permettent pas les ENR. La production électrique photovoltaïque et éolienne est intrinsèquement liée aux conditions climatiques. La sécurité d’approvisionnement ne peut pas être garantie.
Le rapport souligne également que le marché européen du carbone s’est effondré avec des prix fluctuant entre 3 à 5 euros la tonne de carbone. Les cours mondiaux du charbon ont aussi baissé, notamment à cause de l’exploitation du gaz de schiste aux Etats-Unis qui a poussé le pays exporté davantage de charbon. En Europe, on assiste même à un nouvel essor de la production de courant lié au charbon, l’un des principaux émetteurs de CO2.
Les ménages paient l’addition
Les 30 milliards d’euros de facture de soutien aux énergies renouvelables en 2012 sont payés par les ménages et les entreprises européennes. Elle « a entraîné une augmentation du nombre de personnes en situation de précarité énergétique en Europe », accuse le rapport. L’Allemagne, le pays le plus avancé en matière d’ENR, a déjà annoncé vouloir mettre fin à leur « sur-subventionnement ». Les allemands paient leur électricité quasiment le double des français.
Le CGSP estime que le paquet climat-énergie de 2030 ne devrait fixer qu’un seul objectif chiffré : la réduction des émissions de gaz à effet de serre.