J’attends l’hiver et puis il ne vient pas. On n’est pas habitué, par ici, tu vois. Ca donne cette impression de flottement, comme quand tu te prépares à faire une marelle et que, tel le flamant rose, tu restes un pied en l’air. Ce moment de flottement avant un plongeon, quand tu fléchis les genoux et perds l’équilibre avant l’impulsion.
Du coup, tu attends. Tu ne sais pas quoi, mais tu attends. Tout semble suspendu à l’arrivée de la neige, au passage du thermomètre sous zéro. Quoi, tout ? Tu ne sais pas. Et pourtant la torpeur. Le flou.
En attendant que les antibiotiques agissent, j’ai fini le Goncourt, Au revoir là-haut, (et si ce n’était pas le Jules qui me l’avait offert pour Noël, j’aurais certainement proposé à Pierre Lemaître de l’épouser – le plus dur a été d’être assez forte pour ne pas aller lire la fin dès la page trente), c’est te dire si le temps est suspendu.
Et pourtant, trente janvier déjà. A coup sûr, samedi, ma voisine va m’appeler et me reprocher d’avoir oublié de lui souhaiter une bonne année. Cette année encore je répondrai que je suis très mal élevée, et qu’après tout il ne reste qu’onze mois.
A ce rythme, j’ai bien peur que le printemps prenne du retard, lui aussi. Tout fout le camp, tout est détraqué ma bonne dame, y a plus d’saisons ! Fâchons-nous sur le temps pour oublier les choses qui fâchent pour de bon. Le temps qui passe, le temps qu’il fait, le café du commerce.
Pour conjurer le sort, j’ai acheté des places pour Disney on Ice.