Une rue, des boutiques, le froid, des fines gouttes d'eau, l'hiver, mon présent.
Je flâne, pour me détendre, mon boulot de freelance me donne cette liberté de prendre parfois un peu de temps pour moi, sans la famille, sans les horaires. Des soldes encore, une vitrine, d'autres avec des chaussures, des sacs à main, j'aime cet atmosphère d'après rush, sans la foule, quand les boutiques ronronnent entre les collections d'automne-hiver et déjà, à peine en février, du printemps-été.
J'entre, je caresse les étagères pleines de pulls doux, la douceur des matières et les couleurs pour les yeux. Le cerveau fuse en tous sens pour combiner celui-ci avec un slim, celui-là avec un collant fin comme une tunique, est-il assez long pour ce moment cocooning ?
D'autres tas, il reste encore de belles choses, mais en quelle taille ? les prix sont collés au sol, presque indécents, je ne serai d'ailleurs jamais rentrée ici avant. Un coup d'oeil vers l'été, vers les robes, vers les jupes, les prix reprennent de la hauteur, en en comparaison, on est proche des sommets des marges mirifiques. Je souris car avant de faire de la communication, je fus contrôleuse de gestion, impliquée dans le calcul des coûts, dans leur optimisation, dans leurs folles courses à la rentabilité.
Je regarde sans toucher, par peur de la contamination les tee-shirts d'été, cela me donne des envies pour plus tard, pour les prochaines soldes. Lasse de tout cela, je retourne dans la rue, cherchant l'inspiration, jugeant la qualité d'attraction des vitrines, là encore les économies sont drastiques car la tristesse côtoie l'amateurisme, a-t-on oublié que les clientes doivent avoir le déclic, avec ce premier visuel. Attractivité ou même début d'envie, cela doit demander un détour, mais doucement sous mon parapluie, dans mon manteau, avec ma douce écharpe, je regarde seulement.
Deux boutiques de lingerie, une chaîne et une indépendante, la première expose avec un total désarroi une affiche d'une star, jeune et souriante en body dentelle, et deux mannequins sans forme pour deux tenues, à peine ajustées à la fausse poitrine. La seconde a joué le jeu de la féminité, un coin capitonné, des ensembles flottant par miracle dans les airs, des couleurs, de la lingerie de jour et de nuit. Une comparaison évidente, la féminité est là, avec ce miroir qui reflète notre image en ajoutant ce bustier, avec des touches de volupté, pourtant la lingerie présentée touche les jeunes avec des modèles colorés et girly, d'autres sont plus classiques, avec des dentelles ultra-fines, pour toutes les femmes.
Cette mode de l'intime, portée à fleur de peau, doit-on rappeler la douceur ou la froideur pour convaincre une future cliente de pousser la porte ? D'ailleurs je rajouterai bien un ensemble froufroutant à mon dressing lingerie, fort fourni.
Devinez où je vais aller ?
Nylonement