Amina Sboui, ex-FEMEN : une pour toutes, toutes pour elle" border="0" title="SOCIÉTÉ > Amina Sboui, ex-FEMEN : une pour toutes, toutes pour elle" />
Photo / page Facebook de Amina Sboui. © Capture d'écran
Amina a subitement accédé à la célébrité un jour de mars 2013, en postant sur les réseaux sociaux une photo où elle pose seins nus, à la manière du groupe féministe FEMEN. Choc et scandale retentissent alors dans toute la Tunisie. Dans un pays ou la prise de position sur la condition féminine arabo-musulmane est passionnée, la jeune femme se cache puis, trahit par une "amie", est kidnappée par sa famille. Séquestrée, assommée à coup de tranquillisants, elle réalise que son sort ne lui appartient plus et s’enfuit. Elle sera arrêtée et emprisonnée à Sousse un mois plus tard, accusée d’avoir tagué le mur d’un cimetière de Kairouan. Amina est l’objet de désaccord. Certaines féministes condamnent sa méthode, d’autres la soutiennent. En l’occurrence les FEMEN, qui multiplient les actions spectaculaires de solidarité, jusqu'à la prison de Madouba. Trois d’entre elles y seront incarcérées.Une détention difficile doublée de propos exagérés - A l’issu de leur libération (juin 2013), Joséphine Markmann, Pauline Hillier et Marguerite Stern semblait s’être concertée pour faire "pleurer margot" aux yeux des français, trahissant des conditions de détentions difficiles dans les prisons tunisiennes. Face caméra, visiblement émues, les jeunes femmes avaient décrit une situation carcérale pénible : absence de draps, de vêtements, de douches, une cellule de 50 m2 partagée avec 25 personnes, avec comme compagnons de "chambre" des cafards pullulants. Des faits qu’Amina ne partage pas, évoquant des exagérations pernicieuses en vue de manipuler les médias et l’opinion publique. Elle précise que les conditions de vie commune relatives à toutes les détenues n’étaient pas celles des FEMEN. A Madouba, les douches existent et y sont hebdomadaires voire quotidiennes "s’il on est gentille avec les gardiennes". La plupart des couches simples, partagés à plusieurs femmes, est une règle établie que n’observaient pas les jeunes françaises ; Elles possédaient leur propre lit ! Marguerite, semblant au bord des larmes devant les journalistes, ce jour là, avait parlé de "tyrannie religieuse en prison". "Faux !s’insurge Amina, "personne n’impose de regarder des émissions religieuses à la télévision (…) les femmes sont libres de prier ou non durant leur détention".
Les débuts avec FEMEN - C’est en chattant sur les réseaux sociaux avec les FEMEN qu’Amina Sboui décide de s’engager. L’idéologie séduisante que véhicule Inna Shevchenko et ses "collabos" la fascine. Mais très tôt, la méfiance prend le pas sur la certitude. Ses compatriotes-guerrières semblent n’être que des poupées facilement manipulables, dénuées de jugements. Amina commence à prendre ses distances avec le groupe, qu’elle accuse bientôt d’islamophobie suite à la parodie de prière devant l’ambassade de Tunisie en France (5 juin 2013). Elle s’interroge aussi sur leur curieux subside. Nous pourrions croire que le financement des FEMEN s’arrête aux produits dérivés proposés sur leur site via la vente de tee-shirts, ou sous forme de contributions de leurs membres et quelques dons désintéressés. Souvenons-nous toutefois qu’une journaliste infiltrée russe rapportait en septembre dernier que les trois protégées du fortuné Viktor Sviatski -Inna Shevchenko, Oxana Makar et Sasha Chevtchenko [aucun lien de parenté avec Inna]- touchaient pas moins de $1000/mois d’argent de poche, le triple du salaire moyen en Ukraine, et se faisaient payer tous leurs frais de déplacement et logement. De plus, le loyer que l’association verse pour son bureau de Kiev s’élève à $2500/mois, alors que le loyer mensuel du Lavoir Moderne sis 35, rue Léon à Paris s’élève à plusieurs milliers d’euros. A noter : les "pièces rapportées" FEMEN du mouvement se débrouillent comme elles le peuvent, sans ressources. Sviatski avait été cité lors de son passage à tabac en juillet dernier près des locaux FEMEN à Kiev. Il avait été présenté alors comme un simple idéologue du mouvement. Mais selon un documentaire de la réalisatrice australienne Kitty Green -présenté à la dernière Mostra de Venise en septembre-, Sviatski est le fondateur et l’éminence grise du groupe. "Une fois que j'étais dans le premier cercle, il m'était impossible de ne pas le connaître. Il est les FEMEN", raconte ainsi la réalisatrice de 28 ans "c'est son mouvement et il a choisi personnellement les filles. Il a choisi les plus jolies filles parce qu’elles vendent plus de papier. Les plus jolies filles sont en première page... c'est devenu leur image, la façon dont elles vendent leur marque."
Aujourd’hui Amina trace sa voie. Solide militante, elle s’est séparée de ses "copines" de combat. Aujourd'hui, elle les taxe même de dictatrices voulant instaurer une société matriarcale. Elle attend avec fermeté son procès pour profanation de sépulture, tout en affirmant de manière tranchante qu’elle ne fait plus confiance à la justice tunisienne. Indépendante, réservée en apparence, Amina n’est pas disposée à se taire face à la lourde tâche que son engagement suscite. Le chemin vers une égalité réelle des droits, et l'amélioration des conditions d'existence des femmes en Tunisie est encore long, mais Amina sait que la persévérance dans la lutte paiera un jour. "La liberté c’est que la police refuse, et les religieux refusent", tels sont les quelques mots tatoués sur son avant bras droit qui résonnent en arabe aux oreilles de ses détracteurs. Amina lie son sort à celui des militant(e)s derrière les barreaux, ou en délicatesse avec la police. Elle cite non sans fierté Jabeur El Mejri, un caricaturiste condamné à 7 ans de prison, issu de la jeune génération révoltée qui teste aujourd’hui les limites de la "démocratie" tunisienne.
Le 29 avril prochain, Amina racontera son jeune parcours à travers une autobiographie qui promet d’être saisissante : Mon corps m’appartientaux editions Plon. Ce livre est le témoignage fort et sans pleurnicheries d’une jeune femme éprise de liberté. Remontant à son enfance, elle raconte le milieu dans lequel elle a grandi, son combat féministe, son ralliement aux FEMEN, le scandale à Tunis et à Paris, où elle vit désormais sans attache particulière : "Le féminisme n’a pas de frontière" déclare-t’elle. "Désormais, je souhaite mener le combat de façon égalitaire et pacifiste".FG