Cette lecture aura été une terrible déception ! J'ai détesté le personnage de Bjarni Gislason de Kolkustardir, à tel point que je suis demeurée totalement insensible aux envolées lyriques de sa prose de désespéré. Le type est un vieil homme usé, qui décide de prendre sa plume pour écrire à la seule femme qu'il a jamais aimée, Helga. Il revient sur leur liaison, et surtout sur les sentiments fous et incandescents qui ont germé en lui. Oui, il était complètement fou de Helga. Et pourtant, leur histoire a capoté...
Il revient sur cette vie de cul-terreux, en pleine campagne islandaise, dans une contrée gangrenée par les cancans, et tellement attachée à ses valeurs ancestrales. Quelque part, c'est une bouffée d'air pur ravigotant. C'est une évasion, un dépaysement. On s'imagine dans cette fabuleuse nature du bout du monde, tendant l'oreille pour percevoir les échos d'une folle passion avortée ou contrariée. Mais on s'en fiche un peu ! Bjarni Gislason de Kolkustardir n'est qu'un pauvre type, en fin de compte.
Le comédien Rufus s'emploie alors à nous emporter dans le récit avec une émotion désarmante. Il roule les accents au son des patronymes islandais, il chuchote, il s'enflamme, il maugrée, il ronge son amertume. À sa façon, il exprime avec talent la mélancolie, le délire fanatique, la repentance, la frustration, bref l'intensité des sentiments du Bjarni. Mais cela n'a pas suffi pour me convaincre, puisque je n'ai éprouvé que ressentiment, agacement et pitié envers celui-ci.
“L'amour le plus ardent
est l'amour impossible.
Mieux vaut donc n'aimer personne.”
Audiolib, janvier 2014. Texte intégral lu par Rufus (durée d'écoute : seulement 2h 54).
Traduit par Catherine Eyjolfsson, pour les éditions Zulma.