Grâce et dénuement – Alice Ferney

Par Theoma

« Une femme pourtant venait chaque semaine. elle connaissait les Gitans depuis près d'une année sans avoir vaincu leur sauvagerie. C'était la responsable d'une bibliothèque. Elle pensait que les livres sont nécessaires comme le gîte et le couvert. »

Un roman que j'ai lu un peu trop vite, mais qui malgré ma difficulté sur le moment à l'apprécier à sa juste valeur, a su se faire un chemin. J'aurais aimé plus de simplicité dans le style, pour renforcer le dénuement justement. Je n'ai pas été sensible aux fioritures, aux phrases un peu trop alambiquées à mon goût mais qu'importe, quelle force dans le contenu. Les personnages prennent vie, qu'il est facile d'imaginer ces caravanes dans un terrain vague.

La chaleur des âmes, les cœurs à l'étroit. Les conséquences des petites communauté ; l'endogamie, la soumission des femmes, le désœuvrement des hommes. Et quelle belle personne, cette bibliothécaire. Elle est juste. Elle ne part pas en mission, elle ne fait pas dans la réparation, elle vient donner le goût de lire. Elle ouvre les portes de l'imagination, détruit les barrières, avec bienveillance. Une belle histoire et de nombreuses pages cornées.

J'ai lu, 187 pages, 2002

Extraits

« C'étaient les livres qui faisaient rêver la vieille. Elle n'en avait jamais eu. Mais elle savait, par intuition et par intelligence, que les livres étaient autre chose encore que du papier des mots et des histoires: une manière d'être. La vieille ne savait pas lire mais elle voulait ce signe dans sa caravane »

« Je crois que la vie a besoin des livres, dit Esther, je crois que la vie ne suffit pas. »

« Les enfants, c'est le bonheur et la faiblesse des femmes. C'est par là seulement qu'on peut les abattre. »

« Les hommes étaient détruits, bien plus que les femmes (sans doute parce qu'elles portaient les enfants et qu'elles étaient occupées à les aimer, les nourrir, les laver et les battre, ce qui suffit à faire une vie). Ils étaient défaits parce qu'ils n'étaient obligés à rien. Ils n'étaient jamais tendus vers quelque chose, personne n'attendait rien d'eux. Ils traînaient, sauvegardant des apparences qui valaient autant pour eux que pour leurs femmes : leur fierté. »

De nombreux avis chez Babelio