L’enseignement de l’égalitarisme et de la médiocrité

Publié le 30 janvier 2014 par Copeau @Contrepoints

Par Phoebe Ann Mo$e$.

Il est sidérant que le gouvernement soit amené à prescrire aux enseignants et aux établissements scolaires l’application d’un règlement tenant compte de l’égalité garçons-filles (pardon, filles-garçons, il paraît qu’il faut respecter l’ordre alphabétique, moins discriminant). D’abord parce que tout enseignant normalement constitué (pas de mauvais esprit…) fait attention à ce genre de choses dans sa classe. Comme il est aussi supposé faire attention au timide, au souffre-douleur, au cancre, etc. Mais une telle obligation d’égalité laisse supposer que malgré un passage par l’école, trop d’enfants vont, en grandissant, reproduire un schéma d’inégalité homme-femme. N’est-ce pas la preuve que l’école n’a pas rempli son rôle, n’a pas suffisamment ouvert l’esprit de ces enfants ?

Le problème, qui n’est évidemment pas identifié comme tel (ce serait discriminant, donc passible d’une peine !) c’est que certains enfants issus de l’immigration (non ce n’est pas un gros mot) reçoivent à la maison une culture qui n’est pas toujours en adéquation avec l’égalité des sexes. Vouloir y remédier par le biais de l’enseignement est une idée qui ne serait pas mauvaise, si elle n’avait pas heurté les parents qui ne se sentent pas du tout concernés par ce besoin de rétablir un équilibre. Encore une fois, le gouvernement va appliquer des consignes pour tout le monde alors que seuls quelques-uns en ont besoin. Ou alors c’est un problème beaucoup plus grave et étendu qu’on ne veut bien le dire.

C’est le même problème qui se pose avec le projet sur les crèches, à savoir d’en réserver prioritairement l’accès aux familles défavorisées.

« Les enfants pauvres sont aujourd’hui 20.000 à être accueillis en crèche. Ils seraient 50.000 s’ils l’étaient autant que les autres ».

C’est une proposition de Terra Nova. Les motivations de ce projet sont les suivantes : les enfants défavorisés reçoivent une imprégnation de vocabulaire moins élevée que les autres enfants. La crèche étant un lieu de collectivité, on a supposé que rendre l’accès prioritaire à ces familles-là permettrait à l’enfant défavorisé d’acquérir plus de vocabulaire que s’il restait dans sa famille. Le rapport (encore un) signale qu’il y a « trop » de crèches qui « favorisent les enfants dont les deux parents travaillent ». Quelle ironie : le rapport découvre que les crèches sont plus demandées par des parents qui travaillent !

Problème : les crèches sont aussi faites au départ, pour permettre aux femmes de retourner travailler (la fameuse égalité, si chère à notre gouvernement…) donc au vu du manque de places, il n’est pas impossible que les femmes défavorisées ou qui ne travaillent pas puissent mettre leurs enfants à la crèche, pendant que celles qui souhaitent retourner au travail finiront par rester chez elles car il n’y a plus de place pour leur enfant.

Plus légèrement, dans la rubrique « nivellement par le bas » à l’Éducation Nationale, nous avons aussi cette nouvelle forme d’éducation musicale, le « cup song » initiée par l’Inspection Académique, qui met même en avant sa trouvaille (sur le site officiel de l’Académie) tellement on en est fier en haut lieu. Si le résultat est audible (quoique…), on peut se demander si c’est bien le but d’un cours d’éducation musicale en collège. Certes les cours de musique ont pu paraître rébarbatifs au possible, parce que bien souvent menés par des professeurs las et désabusés, pas toujours heureux de partager leurs connaissances avec un public parfois totalement ignorant de cet art. Mais de là à faire dans le ludique en tapant sur des gobelets, tout de même… Cela révèlerait plutôt l’impuissance de l’enseignement à transmettre du savoir. Les instructions officielles des enseignants précisent qu’il faut « se mettre à la portée de l’élève sans toutefois se mettre à son niveau ». À méditer.