Hier, ayant des problèmes avec l'internet local, et voyant le temps splendide qu'il faisait, j'ai pris une journée de congé et me suis rendu au parc archéologique au nord de Quito (un lieu qui n'avait pas été excavé lors de mon dernier passage en Équateur)... Malheureusement, le parc était fermé et ne rouvrait qu'aujourd'hui, alors j'ai quitté les lieux à pied su l'avenida Mariana de Jesus en direction de la Capila del hombre, un site que je n'avais pas visité lors de séjours précédents.
Évidemment, le temps de me rendre au parc et de redescendre la longue avenue, le ciel s'était rempli de nuages dont certains avaient un air menaçant. Mais il ne faut pas trop laisser ce genre de choses vous empêcher de faire des plans à Quito, alors j'ai poursuivi mon chemin. En route, j'ai aperçu ce monument, qui est dédié à la population de l'Équateur, avec une mention que la sculpture exprime les souffrances du peuple dues à l'instabilité politique et à la corruption qui régnaient au pays il y a encore une décennie.
Avant d'atteindre Bellavista, le quartier où est située la Capila del hombre, j'ai eu la surprise de croiser un vieil ami; Jose de San Martin, à cheval comme il se doit. San Martin était "l'autre" bras droit de Bolivar (avec le Mariscal Sucre) lors des guerres d'indépendance en Amérique du Sud (il est plus connu et célébré dans le sud que dans le nord des Andes). D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si cette sculpture le représentant à cheval se trouve à cet endroit spécifique de la ville de Quito: il s'agit de la Plaza Argentina, un lieu parfait pour honorer San Martin.
Mais ma vraie surprise, elle est venue de l'entrée du site de la Capila del hombre, où trône cette magnifique stèle maya! Il s'agit bien d'une pièce originale, en plus, mais bien entendu, elle n'a pas été découverte à Quito (vous imaginez l'affaire si on trouvait des artefacts maya en terre inca!), mais a été offerte à Quito et au site par le Honduras (c'est une des stèles de Copan).
La Capila del hombre est une chapelle. J'ai pu voir, dans mes voyages, des centaines de chapelles, églises, mosquées, basiliques, temples et cathédrales, mais de ce nombre, celle-ci est unique au monde; elle est consacrée à l'Homme (au sens d'humain), et non à un Saint ou un prophète en particulier. Il s'agit d'une construction sobre (quasi cubique), dont l'intérieur est chaleureux et le design est signé Guayasamin, probablement l'artiste le plus célèbre de l'histoire de l'Équateur.
Il y a quelques années, on a découvert un site pré-inca juste à côté, et le musée de la chapelle l'a incorporé à la visite, d'où l'installation de la stèle maya à cet endroit...
... et sa soeur Toltèque, originale elle aussi, et offerte par le Mexique à Quito et au musée Guayasamin.
Un splendide objet, avec des reliefs sur tout le pourtour. On notera qu'à ce moment de ma journée, le ciel bleu était de retour. Normal: ici, on dit que Quito est une fille, qui change d'humeur plusieurs fois par jour :-)
Le musée Guayasamin est en fait la maison où l'artiste a passé les dernières années de sa vie et où il a légué à une fondation portant son nom, la maison, et tout son contenu. Et quel contenu; Guayasamin était un collectionneur d'artefact pré-colombien et d'art colonial, en plus d'avoir ramassé au fil de sa vie et sa carrière de peintre, un nombre intéressant de peintures, dont quelques-unes de grands maîtres (j'ai repéré au moins un Milo, deux Picasso, un Chagal...). La visite est donc fascinante (mais il est interdit de prendre des photos à l'intérieur), et elle est doublée d'un accès complet aux jardins, eux aussi remplis d'oeuvres d'art et d'artefacts, comme ces deux vieilles voitures, dont la plus récente - couleur crème, à gauche - a été immatriculée en 1936.
En empruntant l'Ecuvia pour rentrer chez mois (métro-bus de surface), j'ai abouti à Qmanda, un nouveau parc urbain qui vient d'ouvrir au public après quelques années de travaux. Un chantier gigantesque qui a complètement transformé le secteur de Cumanda d'un terminal d'autobus interurbain - dont l'intensité du chaos n'avait d'égal que la densité de pollution qu'on y respirait - en un centre d'activités physique public et un parc urbain absolument renversant. Vous noterez qu'on y a installé un des nouveaux signes distinctifs de Quito qu'on trouve maintenant un peu partout en ville. (J'ai repéré mon premier sur l'Avenida 24 de Mayo il y a deux semaines, et j'ai été témoin de l'installation d'un autre juste devant El Arco Ejido la semaine dernière).
Et question d'être parfaitement honnête avec vous, chers lecteurs, voici la photo originale de l'entrée de Qmanda: je prenais alors le sigle Quito à l'envers (d'où la photo précédente, un renversement informatique, pour faire beau et lisible), mais si je voulais le prendre à l'endroit, l'angle ne me permettait pas de capter le quartier résidentiel derrière ni de profiter de la luminosité du soleil qui était justement de retour.
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Note: J'avais dit ne pas avoir l'intention de publier ce genre de billets pendant ce court séjour, mais une fois n'est pas coutume, et puis j'avais pris congé :-)
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