En effet, les solutions du genre sont encore rares dans l'hexagone, qu'elles émanent de startups ou des institutions financières. Alors, bien sûr, on se trouve obligé de comparer la nouvelle venue avec celle du Crédit Agricole, présentée en fin d'année dernière mais qui devrait, elle aussi, être distribuée effectivement à partir de mars ou avril. Et il est vrai que, entre les deux, les ressemblances sont plus nombreuses que les différences…
Dilizi est donc la combinaison d'une application pour smartphone et d'un petit lecteur de carte de paiement indépendant. Conformément aux règles en vigueur dans notre pays (notamment le standard EMV), celui-ci comporte un clavier pour la saisie du code PIN et il se connecte au terminal par une interface Bluetooth sécurisée. Le logiciel, quant à lui, est non seulement conçu pour traiter les paiements, il se présente plus globalement comme une véritable solution de caisse.
A ce titre, il permet au professionnel de gérer son catalogue de produits et services, de préparer les factures de ses clients, d'enregistrer les règlements (quel qu'en soit le mode : cartes, mais également chèques, espèces, S-Money), d'émettre les reçus des achats (à envoyer par mail ou par SMS), de suivre ses ventes avec des tableaux de bord graphiques… C'est d'ailleurs bien dans ces usages enrichis que l'intérêt d'une version pour tablette (qui apparaît dans la vidéo de présentation) brille particulièrement.
Dans ce paysage relativement classique, Dilizi parvient tout de même à introduire quelques pointes d'originalité par rapport à sa principale concurrente. On pensera tout d'abord au processus d'enrôlement : pour les clients existants des deux banques du groupe, il sera possible de souscrire intégralement en ligne (ceux qui le souhaitent pourront néanmoins s'adresser à leur agence). Dans tous les cas, après réception du lecteur et installation de l'application, la mise en service est instantanée.
Côté coûts, le choix a été résolument fait de la simplicité et de la transparence. Ainsi, le lecteur de carte est facturé 49 € (certainement un prix plancher) et une commission de 2% est facturée sur les transactions, sans montant minimum et sans aucun engagement. Ce taux, plus compétitif que ceux pratiqués par PayPal et Square (dans des contextes différents), peut paraître assez élevé mais il ne devrait pas, selon moi, constituer un obstacle majeur à l'adoption face à la lisibilité de l'offre.
Par ailleurs, les évolutions évoquées dès maintenant pour Dilizi laissent entrevoir la perspective de nouveaux services à forte valeur ajoutée qui devraient considérablement renforcer l'attractivité de la solution pour les petits commerçants et artisans ciblés. Il est par exemple prévu que les fonctions de CRM (« gestion de la relation client ») déjà implémentées s'enrichissent à terme d'un pilotage de programme de fidélité.
Évidemment, Dilizi a aussi le privilège exclusif d'inclure S-Money (le porte-monnaie mobile de BPCE) parmi les moyens de paiement qu'il prend en charge. En revanche, sa présence soulève la question des liens entre les deux offres : le nouveau terminal permet-il l'encaissement des transactions S-Money ou se contente-t-il d'autoriser leur enregistrement ? Ne pourrait-on imaginer à l'occasion de ce lancement une convergence des modèles ?
En conclusion, BPCE propose là une solution robuste et plutôt séduisante aux plus de 700 000 TPE françaises qui n'acceptent pas aujourd'hui les paiements par carte, dont elle compte une bonne partie parmi sa clientèle. Elle ne devrait donc pas avoir trop de difficultés à convaincre cette cible (presque) captive d'adopter Dilizi…