Titre : Mauvais genre
Scénariste : Chloé Cruchaudet
Dessinateur : Chloé Cruchadet
Parution : Septembre 2013
« Mauvais genre » a eu une très bonne presse à sa sortie. J’avais fortement envie de découvrir ce livre. Ainsi, lorsqu’un ami me l’a prêté, je l’ai ouvert à peine rentré chez moi. « Mauvais genre » est inspiré d’une histoire vraie : celle d’un homme qui se déguise en femme, car il a déserté. Le thème est original et le graphisme au niveau. Le tout pèse pas moins de 160 pages et est édité chez Delcourt, dans la collection Mirages.
Les années 1910. Paul et Louise se rencontrent lors des bals populaires. Tombés amoureux, ils se marient juste avant que Paul ne parte au front, car il vient d’être mobilisé. Devant l’horreur des tranchées, ce dernier, blessé, fuit l’hôpital et devient donc déserteur. Caché chez Louise, il tourne rapidement comme un lion en cage. Ils ont alors l’idée de le déguiser en femme. Mais mettre une robe ne suffit pas. Il va falloir que Paul change ses manières, sa façon de parler, s’épile… Et finir pas y prendre goût ?
L’histoire est construite sous forme de flash-back. On commence par un procès où, rapidement, le juge déclare : « reprenons au commencement ». Les flash-backs sont là pour nous raconter la véritable histoire. La partie « actuelle » sert avant tout à rythmer les différentes phases de la narration et à entretenir un certain suspense.
Un couple passionnant
« Mauvais genre » aborde de nombreux thèmes. Même si le genre est évidemment au premier plan, le couple formé par Louise et Paul est également passionnant. La complexité de leur relation, qui évolue lentement, est particulièrement intéressante. Et évidemment, l’amnistie de Paul va poser un autre problème : comment redevenir un homme lorsqu’on a été une femme pendant de longues années ?
Je ne voudrais pas trop dévoiler le scénario passionnant de cet ouvrage. Les surprises sont nombreuses, les tensions permanentes et il n’est pas rare d’être ému à la lecture. Mais si Paul semble être la victime de cette histoire, son caractère le rend peu sympathique. C’est avant tout Louise, qui subit les contrecoups de la situation qui suscite le plus d’empathie.
Concernant le dessin, je suis très fan du trait de Chloé Cruchaudet. Nerveux, il est soutenu essentiellement par des niveaux de gris. Des tâches de couleurs viennent enrichir l’ensemble, de rouge en grande majorité. Cela donne une personnalité bienvenue à l’ouvrage.
J’ai été séduit par ce « Mauvais genre ». Plein de surprises, traitant de nombreux thèmes avec intelligence, il se laisse dévorer d’une traite malgré la taille de l’ouvrage. Un excellent one-shot, doté d’une vraie personnalité, tant graphique que thématique.
par Belzaran
Note : 16/20