"Son personnage est complexe, encombrant, hors série... La Méditerranée n'est même pas une mer, c'est un "complexe de mers", et de mers encombrées d'îles, coupées de péninsules, entourées de côtes ramifiées. Sa vie est mêlée à la terre, sa poésie plus qu'à moitié rustique, ses marins sont à leurs heures paysans ; elle est la mer des oliviers et des vignes autant que celle des étroits bateaux à rames ou des navires ronds des marchands".
C'est un peu ce qu'on regrettera de ne pas avoir vu hier soir sur France 2. On a pu regarder le travail d'un esthète, et sa moisson de belles images. vous aurez sûrement appris beaucoup de choses, pu voir pour la première fois de votre vie les ruines de la cité romaine de Timgad en Algérie. Mais ce qui me chagrine, c'est que le réalisateur a passé son temps à tourner autour du sujet, sans jamais y plonger. Nous eussions aimé pouvoir contempler cette "histoire lente à couler, à se transformer, faite souvent de retours insistants, de cycles sans cesse recommencés", une persistance des activités à travers les siècles, induite par la géographie, cette adaptation de l'homme à son environnement. Nous eussions enfin aimé découvrir la Méditerranée, et non pas nous promener autour de la Méditerranée.
Fernand Braudel, dans les années 80, avait réussi ce pari dans une série de 12 émissions de 52 minutes réalisées pour la chaîne qu'à l'époque on appelait FR3. Il avait montré ce rapport de l'homme à la mer, ou plutôt comment la mer conditionnait, de par sa nature propre et ses exigences, l'activité de Lomme. Que n'eut-il montré 25 ans plus tard, s'il était encore parmi nous. Car notre connaissance de la mer, de la place qu'elle tient sur notre planète et dans notre existence, de ses enjeux du futur, a encore progressé depuis.
Et ce qui est dommage, c'est que ces travaux de qualité ne sont pas rediffusés à la télévision ou vendus sur DVD. Ils ont été oubliés, tout simplement, et c'est bien dommage.