Vive le vent, vive le vent, vive le vent d’hiver ! On connait la chanson mais on la craint. Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, voici la goutte au nez qui pointe, l’éternuement n’est pas loin, il est temps de réagir. Les dix idées qui suivent sont de source ayurvédique.
La frileuse Europe n’est pas similaire à l’Inde tropicale. Pour autant, l’Ayurveda est une médecine qui se pratique sous toutes les latitudes, l’essentiel pour construire sa santé consistant à s’adapter à n’importe quelle circonstance.
Des six saisons du calendrier védique, l’hiver correspond à Shishira, la première saison, la plus froide, qui dure de mi-janvier à mi-mars. La saison qui suit, Vashanta, n’est pas tout à fait le début du printemps mais le prolongement de l’hiver, de mi-mars à mi-mai : ceux qui se sont mariés à l’époque des saints de glace ne diront pas le contraire ! D’un point de vue ayurvédique, l’hiver provoque des maladies de type Vata (le vent) et nécessite une alimentation anti-Kapha (le mucus).
1 – Des inhalations à l’eucalyptus
Qu’il s’agisse de prévenir un rhume ou de le guérir, l’inhalation à l’eucalyptus constitue un atout majeur. Un bol d’eau bouillante, quelques goutte d’HE d’eucalyptus, une grande serviette : les conditions sont réunies pour un bon sauna de la tête. Elimination de toxines garantie ! De surcroît, selon l’Ayurveda, les inhalations fréquentes détendent les scapulaires. Tous ceux qui « portent le monde sur leurs épaules » peuvent en prendre de la graine !
2 – Une goutte d’huile de sésame dans chaque narine
Les températures hivernales agressent vos narines et votre peau en les asséchant. Pour lubrifier les sinus et les défendre contre les microbes, avant chaque sortie, lubrifiez-les en glissant une goutte d’huile de sésame dans chaque narine. Sur le visage, la nuque, les épaules et l’ensemble des articulations, multipliez quotidiennement les applications d’huile de sésame légèrement additionnée d’huile de germes de blé et d’huile d’amandes. Quand les sinus ou les bronches vous cherchent querelle, choisissez plutôt l’huile de moutarde chaude pour vos auto-massages.
3 – Fruits et légumes à gla gla
Côté légumes, poireaux, betteraves, céleris, choux et endives sont les chouchous de tous les hivers, aussi sévères soient-ils. En salades, associée aux noix, l’endive honorera vos tables hivernales. Côté fruits, entre les repas pour ne pas perturber la digestion, une tranche d’ananas, des oranges ou quelques litchis combattrons avec succès vos coups de barre grâce à leurs vitamines et leurs capacités antioxydantes, mais n’abusez pas : attention au sucre ! Le citron, quant à lui, s’imposera quand l’angine, si la bronchite ou la rhinite menacent.
4 – Ne vous gavez pas de fruits secs
Nous venons de passer l’Epiphanie et les dons des Rois mages. Moins de fruits figurent à l’étal, c’est certain. Faut-il alors se précipiter sur les fruits secs ? Parfois, pas trop sucrés cependant car, répétons-le, le sucre rafraichit le corps, ce qui n’est pas précisément ce que l’on recherche en hiver. En cas de nécessité, voici ce qui convient le plus souvent : les abricots secs sont les amis du cœur, les pruneaux combattent la constipation, les raisons secs accompagnent les sportifs et les noix luttent contre le cholestérol. Sinon, attendez plutôt le printemps ou l’été !
5 – Fuyez les confiseries et même les bananes
L’écrivain américain David Frawley, spécialiste de l’Ayurveda, n’y va pas par quatre chemins dans « La santé par l’Ayurveda » : la saveur sucrée est celle qui aggrave le plus Kapha. Plus encore que d’habitude, limitez sévèrement le sucre blanc, les gâteaux et autres confiseries, ainsi que les laitages. Même la banane, très sucrée, doit être ingérée avec circonspection.
6 – Les gens aiment de gingembre
L’une des caractéristiques du gingembre est de chasser l’excès de fraicheur. Râpez-le quand il est en racine ou coupez-le en petits dés : dans vos soupes, vos salades et vos plats cuisinés, il accompagnera tous les aliments avec succès. Kiran Vyas, chantre de l’Ayurveda en occident, recommande de masser « la plante des pieds et la paume des mains avec de la poudre de gingembre, notamment en cas de grand froid. » Les tisanes chaudes de gingembre sont également un excellent dopant anti-Kapha. On restera dans les épices en recommandant la cannelle : elle équilibre l’énergie Kapha, échauffe le corps et active le feu digestif (Agni). Expectorante et antiseptique, elle soigne la bronchite et calme la fièvre. Une mention encore pour le poivre noir : trois grammes de poudre mélangés à une cuiller de miel liquide limitent la toux.
7 – Vata s’en va-t’en guerre
Vous avez remarqué ? Bien des maladies hivernales ont la même terminaison : rinhite, sinusite, bronchite, laryngites. Selon l’ayurveda, ce sont des maladies Vata (le vent, le mouvement , la sécheresse). Ayez toujours de l’huile de sésame, d’olives ou de moutarde à la portée de la main au moindre éternuement ou toussotement !
8 – Un bonnet et des bottes
Ils seront vos alliés : un bon manteau, un bonnet et des bottes. Qu’importent les frimas, sortez le plus souvent possible et respirez de l’air frais pour chasser les bactéries et le gaz carbonique! Faites de l’exercice régulièrement. Le travail de vos muscles et la pratique de la respiration alternée régénéreront vos cellules. Même si la caillante et l’humidité vous froissent, ne restez pas indéfiniment soudé à la télévision ou à l’ordinateur : cela déséquilibre l’énergie Kapha et crée du mucus – ne vous étonnez pas si vous tombez malade en vous calfeutrant frileusement.
9 – Ne buvez que chaud
Dans les bons restaurants du Kerala, région bénie de l’Ayurveda, on sert systématiquement de l’eau chaude. Cette boisson est la meilleure qui soit pour le métabolisme, plus particulièrement pour la digestion. Et, sachez-le, elle réchauffe le corps ! (Mélangez un demi-verre d’eau froide et un demi verre d’eau portée à l’ébullition, et buvez !). A l’inverse, nu buvez jamais glacé, surtout l’hiver, pour ne pas rafraîchir le corps.
10 – Pourquoi pas l’Inde ?
Le saviez-vous ? Les mois de janvier, février et mars sont festifs et divins en Inde, et la température y est délicieuse : raison de plus pour vous enfuir, si vous le pouvez, loin de la grisaille humide. A défaut, profitez des vacances de février pour monter à la montagne vous initier au ski de fond. C’est excellent pour la santé, vos globules rouges vous féliciteront dès l’altitude de mille mètres, et vous repartirez ragaillardis dans vos vallées.
Eric BHAT
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