Le 7 mai 2013, le Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie commandait au Muséum National d’Histoire Naturelle une mission d'expertise collective scientifique sur “L’Ours brun dans les Pyrénées."
Extrait de la 4ème partie : Viabilité de la population actuelle dans les Pyrénées
Facteurs de pressions pour la population ursine
Sur la base de l’état actuel de la population d’Ours bruns des Pyrénées, deux catégories de facteurs de pressions sont identifiées selon leur effet au cours du temps :
- les risques démographiques qui ont des effets à court terme
- les risques génétiques qui ont des effets à moyen terme.
Les risques démographiques (stochasticité démographique *1, stochasticité environnementale *2 et densité dépendance, cette dernière n’étant pas pertinente actuellement sauf à une échelle très locale) sont liés à l’effectif réduit de la population dont la taille minimale estimée en 2012 est de 22 individus et aux effets aléatoires de cause de mortalité d’origine naturelle ou humaine
*1 Variance dans le taux de croissance d'une population qui résulte des aléas de réalisation à l’échelle individuelle des taux moyens de survie et de reproduction de la population.
*2 Variance dans le taux de croissance d'une population qui résulte de différences interannuelles dans la distribution de probabilité décrivant le nombre de descendants et/ou la probabilité de survie des individus.
Cette population se répartit en deux noyaux distants d’environ 60 km, le noyau central avec l’essentiel de la population (au moins 20 individus différents détectés en 2012) et le noyau occidental virtuellement éteint avec seulement deux mâles adultes âgés de 16 et 9 ans.
Depuis 1997, malgré la bonne continuité des habitats, ces 2 noyaux semblent fonctionner indépendamment puisqu’un seul échange d’individu a été détecté à la suite de la dispersion d’un jeune mâle du noyau central vers le noyau occidental en 2000. Néanmoins, d’un point de vue théorique, la perte de l’effet rescousse par disparition imminente du noyau occidental peut augmenter les risques démographiques et environnementaux et constitue donc un risque supplémentaire pour l’avenir de la population.
Un sexe ratio déséquilibré en faveur des mâles est enfin un risque supplémentaire pour les petites populations car il peut entraîner des risques accrus d’infanticide, voire de mortalité chez les femelles adultes accompagnées des oursons de l’année. Cette éventualité a été envisagée dans le cadre de la population occidentale avant la mort de la dernière femelle (Chapron et al. 2009).
Les risques génétiques se traduisent par un accroissement de la consanguinité à moyen terme (10-15 ans). Cet accroissement de la consanguinité est lié au nombre réduit d’individus fondateurs, avec seulement 4 individus sur les 8 réintroduits qui ont participé à la reproduction, et au choix réduit du nombre de partenaires. Elle peut entraîner une baisse de la fécondité et de la survie des individus reproducteurs (Robert et al. 2007).
Sur la base des données récoltées sur la population des Pyrénées, on constate que ce risque génétique est très élevé du fait de reproductions très fréquentes entre apparentés du 1er degré (père et fille)
De plus, depuis 1997, un mâle adulte dominant âgé de 25 ans monopolise l’accès aux femelles dans le noyau central. Il est le père de 24 oursons sur les 28 identifiés entre 1997-2012
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