« Canada »
FORD Richard
(L’Olivier)
A l’évidence, le Lecteur fut captivé par le récit. Celui d’une enfance et d’une adolescence. D’abord dans un cadre apparemment normal, au sein d’une famille apparemment normale. Même si le père vient de quitter l’institution militaire après avoir piloté des bombardiers durant la seconde guerre mondiale. Même si la mère mène une peu passionnante carrière d’enseignante. La famille vit modestement dans le Montana. Trop modestement, d’autant plus modestement que le père s’avère incapable se réinsérer dans la société civile. L’argent finissant par manquer, l’ancien militaire braque une banque avec l’espoir d’être en mesure de rembourser ses créanciers. Projet insensé auquel il associe son épouse, femme d’origine juive, plutôt rigoriste, aux ambitions littéraires avortées. La police ne tarde guère à arrêter les deux malfaiteurs. Dell, leur fils, évitera de croupir dans un orphelinat. Il sera hébergé plus qu’accueilli, au Canada, par un étrange personnage, propriétaire d’un hôtel aux fonctions multiples, là où il découvrira les réalités de la vraie vie.
Donc un roman qui n’ennuie pas. Bien au contraire. Le Lecteur s’est attaché au personnage de Dell et à l’entrée dans cette vraie vie de ce gamin de quinze ans que rien ne prédestinait à un cheminement aussi aléatoire. Il n’a rien à reprocher à une œuvre de construction classique qui ne surprend pas mais qui maintient constamment l’intérêt (ou l’attention ?) en éveil. Sans qu’il soit nécessaire d’échafauder des hypothèses incongrues : Dell se sortira sans dommage des aventures auxquelles l’associeront, au Canada, l’hôtelier et son homme de paille. Ce dont la Lecteur fut très vite averti, mais qui ne gâcha rien à son plaisir. Puisque ce roman-là ne se structure pas autour d’un quelconque suspens. Toutes les issues des évènements qui le jalonnent sont prévisibles, du braquage minable perpétré par ses parents jusqu’à l’assassinat, au Canada, des deux américains un peu trop fouineurs.
Soit donc une œuvre qui s’évite le sensationnalisme. Un roman sur des vies presque ordinaires. La preuve : Dell trouvera finalement sa place dans la société (canadienne) en donnant chair au rêve de sa mère, celui d’une sorte d’accomplissement et professionnel et familial. A quelques nuances près.