Les toilettes des dames

Publié le 28 janvier 2014 par Pimprenelle2

Bon c’est sûr après lecture de cet article vous mes sœurs mes amies mes congénères, celles qui ont auront ou subissent l’influence cyclique de leurs hormones, allez vouloir me pendre haut et court par les ovaires (vous ne croyez tout de même pas que je vais vous faciliter la tâche !) pour haute trahison, divulgation d’un secret pouvant mettre en péril notre glamour notre mystère celui de notre éternel féminin. Alors avant que vous ne mettiez en péril ma vie et/ou mes désormais décoratives gonades sachez que par avance  je vous présente à vous, witches bitches, aux simples mortelles, à ma (virtuelle) concierge, à madame pipi, à Monica Bellucci, à notre déesse mère (par les temps qui courent vent derrière vaut mieux être prudente) mes plates excuses (oui suis gonflée) pour tout le mal que je m’apprête à vous nous faire. Et puis faute avouée à moitié pardonnée, alors je ne vous demande qu’un petit effort de compréhension, et qu’enfin avec moi vous acceptiez de dénoncer un scandale, démystifier nos mystifications, parler enfin des toilettes des dames, lever le voile sur nos chiottes …

Parce que nous savons que bien que courramment traitées de pisseuses, nous ne prenons le chemin de la libération qu’à l’extrême limite de la capacité optimale de notre vessie … et bien plus encore … Alors nous nous dressons port de tête majestueux (fesses serrées, périnée contracté), glissons un "je reviens", au cas où le chevalier servant, son fier destrier et toute sa notre cour aurait un doute ou ne voudrait en profiter pour nous laisser en plan avec la note à payer … sachant que notre "petite affaire" va nous prendre un temps aléatoire et néanmoins certain.

Parce que devant la porte nous nous retrouvons entre camarades d’infortune, concentrées, bras croisés, conversations limitées au plus strict poli grognement. Ne voulant rien lâcher, ni notre rang dans la file, ni la moindre goutte d’urine (quoique là rien ne saurait nous faire rire, nous sommes concentrées !), nous pa-tien-tons. Enfin, enfin le Sésame s’ouvre, libérant ses effluves et notre prédécesseuse (sic) qu’un vieux reste d’éducation nous interdit d’envoyer goûter au décor, nous nous précipitons en une improbable pirouette et refermons la porte …

Quelques minutes plus tard nous regagnons notre table, un vaste sourire de triomphe aux lèvres, que les ignorants (les hommes) traduisent par du soulagement, mais que nous les femmes savons être du triomphe, le tromphe de celles qui ont vaincu les pires épreuves bien à l’abri des regards, à l’abri derrière la sus-dite porte close. Parce qu’une fois pénétré le sein des seins, et bien nous ne sommes pas encore rendues … Là dorénavant, le cerveau baignant tout comme le plancher dans l’urine, il nous faut réfléchir à où poser les pieds, enfin l’un après l’autre, la peur au ventre (ce qui n’arrange pas la situation fait monter la pression) pour ne pas ressortir fleurant le pipi de vieux chat (j’ai dit CHAT !!!) négligé. Nous les princesses savons que ce n’est pas gagné, et encourrons le risque d’arriver sur le trône quasi octogénaires, trône sur lequel une fois atteint c’est tout shuss, fesses à une bonne mais alors bonne vingtaine de centimètres de la lunette que nous entonnons "we are the champions" tout en faisant travailler nos abdos et admirant le décor.

Et oui, nous les femmes sommes des artistes, que la victoire ne laisse pas manchotes. Il en est même certaines parmi nous, les plus courageuses, les plus créatives, les plus imaginatives, qui se caiecaient en douce vers les latrines, étrangement décontractées du périnée et des zygomatiques, un cabas dilaté se balançant à leur bras. A l’intérieur nulle poudre pour le minois ou le naseau, pas de cotonnade patacul on s’en tamponne, non rien de vulgaire ou d’ordinaire, non là c’est du lourd de la bombe de l’aérosol du multicolore de l’explosif. Nous on poireaute comme des courges, sagement, elles, elles créent, faisant fi de nos envies de les noyer dans la cuvette de NOS w.c. !!!!

Je sais que tout ceci va sembler incroyable aux simples hommes, aux vertueuses continentes, mais moi je suis celle la valeureuse qui voulant témoigner, s’en est retournée aux godes (désolées mais les répétitions j’évite …) appareil photo en bandoulière, bravant les décrochages de mâchoire, les regards d’une tonne dans les coins, les envolées de coude, les bruissants "t’as vu t’as vu", parce que moi aussi suis une artiste, parce qu’il me fallait faut témoigner combien nous les femmes sommes des petits êtres fragiles et délicats, combien nos vies peuvent mettre notre nature à l’épreuve et en péril au quotidien, et que tout compte fait nous sommes des warriors, des battantes du réel …

Alors, sans rancune ? Vous me pardonnez ?


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