Par Guillaume Nicoulaud.
En 2000, le salarié français médian gagnait 1.311 euros nets par mois 1. Dix ans plus tard, en 2010, il gagnait 1.651 euros – soit une progression de 25,9%. Bien sûr, en corrigeant ces chiffres de l’inflation officielle (1 euro de 2000 = 1,189 euros de 2010), la progression est moins spectaculaire : en euros 2010, le salaire net de notre salarié médian est passé de 1.559 à 1.651 euros (+5,9%).
Le tableau ci-dessous répète la même opération pour quatre autres seuils de salaire net : le Smic net (en moyenne sur l’année), le seuil du 1er décile (D1), celui du 9ème décile (D9) et celui du 99ème percentile (C99)2.
Voici les données :
Salaires nets
(en euros 2010)
Seuil 2000 2010 %
Smic 1 037 1 056 +1,8%
D1 1 016 1 103 +8,5%
Médiane 1 559 1 651 +5,9%
D9 3 133 3 280 +4,7%
C99 7 447 7 573 +1,7%
C’est D1 – le seuil en deçà duquel vous faites partie des 10% les moins bien payés – qui progresse le plus : +8,5%. Symétriquement, D9 – le seuil à partir duquel vous faites partie des 10% les mieux payés – ne progresse que de 4,7%. C’est-à-dire que l’écart de salaire entre deux salariés théoriques3 qui, en 2000 comme en 2010, touchait respectivement D1 et D9 s’est réduit. En 2000, le salarié « riche » (D9) touchait 3,08 fois le salaire du salarié « pauvre » (D1) ; en 2010, ce rapport n’était plus que de 2,97. Les inégalités de salaire se sont donc réduites.
Vous pouvez faire le même calcul en comparant l’évolution du salaire de notre salarié pauvre à celle des émoluments d’un salarié très riche (C99) : le rapport passe de 7,3 à 6,9. Même conclusion : dans cette zone qui couvre 89% des salariés français (de D1 à C99), les écarts de salaires se sont réduits.
Restent, bien sûr, les 10% les moins bien payés – en deçà de D1 – et les 1% les mieux payés, ceux qui sont au-delà de C99.
Bref, sauf à considérer qu’il se soit passé quelque chose de très particuliers chez les très hauts salaires, le seul élément qui puisse permettre de parler d’accroissement des inégalités salariales est directement imputable à la mise en œuvre des 35 heures.
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Sur le web.
- Données de l’Insee, en équivalent temps plein, sur l’ensemble des salariés français (métropole + DOM). ↩
- Pour mémoire et par définition : 10% des salariés gagnent moins que le seuil du 1er décile (D1), 50% gagnent moins que le salaire médian, 90% gagnent moins que le seuil du 9ème décile (D9) et 99% gagnent moins que le seuil du 99ème percentile (C99). ↩
- Théoriques parce qu’en réalité, en dix ans, la plupart des salariés progressent : à titre personnel, j’étais très nettement en dessous de la médiane en 2000 et, une décennie plus tard, j’étais au-delà du 95ème percentile… ↩