28 janvier 2014
C’est en regardant l’autoportrait au Rolleiflex de l’artiste (1959) que j’ai intégré le fait que Raymond Depardon était à peine plus âgé que nous (il est né en 1942, nous en 1946) et que sa jeunesse était aussi la nôtre…
Une sacré envolée dans la couleur, tout de même …
La première vue est celle d’un bleu extraordinaire : celui des murs d’une chambre, au Viet-Nâm, en 1972 …avec un homme couché, lisant un journal.
Ensuite, l’exposition est simplement, logiquement, classée par ordre chronologique. Pas encombrée de détails superflus ...
Depardon, qui a commencé très jeune, a découvert la couleur dans les années 80. Il y excelle bientôt tout autant que dans le noir et blanc, la rolls de la photographie dans ma jeunesse. Du temps où j’avais caressé le rêve, moi aussi, de devenir photographe.
Il voyage, visite les régions délabrées, les conflits plus ou moins délaissés, la pauvreté du monde, mais finalement notre monde, qui n’est qu’unité, comme toute l’humanité.
Glasgow et ses ivrognes où évolue cette petite fille en robe rose dans la grisaille, le Chili d’Allende, le Liban et ses combattants qui vont se faire couper les cheveux en suspendant leur kalach’ à une patère, la Bolivie et son Formica, le Tchad et ses farouche Touaregs réfugiés, l’Ethiopie avec ce magnifique élégant en costume blanc dans les rues d’Harar. Depardon se raconte avec une grande simplicité, rappelle le travail réalisé sur commande de la DATAR pour fixer l’état de la France, un portrait d’Edith Piaf déjà hagarde …
On sort de là un peu groggy, des couleurs pleins les yeux. C’est une bouffée de fraîcheur, une sorte de renaissance. Merveilleux Depardon, son regard est toujours aussi jeune …
Au Grand Palais, Galerie sud-est tous les jours sauf le mardi, 11€, jusqu’au 10 février.