Tiksi… une ville qui évoque le Grand Nord, sans que nous ne sachions vraiment où la placer. Il s’agit de la République de Sahka, territoire aussi grand que l’Argentine (3 millions de km2) qui offre des paysages et des lumières d’une rare beauté.
Située sur les rives de la mer Latev, en Sibérie, elle devient le théatre de la série de photos éponyme de l’artiste Evgenia Arbugaeva qui y a vécu jusqu’à 8 ans. C’est après avoir obtenu son diplôme en gestion d’art à l’Université internationale de Moscou, et après avoir suivi des cours de photographie documentaire au International Center of photography qu’elle décide de consacrer une série de photos à sa ville d’enfance. Elle retrouve alors son pays intact, fidèle à son souvenir et entreprend de le saisir tel qu’elle le perçoit.
Pour cela, elle demande le concours de Tanya, une jeune fille qui se prête au jeu, en présentant la même curiosité et la même témérité que l’artiste à cet âge.
L’artiste se projette donc dans les facéties et les déambulations de la fillette, nous plongeant dans un décor dépaysant qui nous semble irréel.
Étendues immaculées, tandis que le ciel se confond avec le sol, constructions massive qui émergent de la glace, c’est avec poésie et tendresse qu’Evgenia Arbugaeva saisit la vie dans cet espace.
C’est pour se départir du cliché qui consiste à considérer la Sibérie comme triste et désertique, que l’artiste propose cette série, elle dit ainsi « La Sibérie est souvent représentée par les photographes occidentaux comme grise, maussade, et déprimante. C’est une réalité, mais j’y vois d’autres choses. Je peux raconter des histoires à partir d’un point de vue différent, les gens peuvent vraiment être heureux ici et avoir leur propre univers. »
C’est en empruntant à l’iconographie des livres pour enfants que Tanya possède dans sa bibliothèque, les caricatures de l’époque soviétique que l’artiste trouve son inspiration. La vie et les choses se fraient alors un chemin dans le voile de brume en silence.
« Ces livres sont beaux et ont une signification profonde. Ils sont habilement mis en pages, les caractères sont clairs et lumineux. Leurs images transmettent un sentiment d’émerveillement et d’idéalisme naïf qui m’ont toujours captivée. »
Evgenia Arbugaeva a obtenu plusieurs prix pour cette série, qu’elle a également exposé il y a quelques mois sur les quais de Seine à Paris, à l’occasion de Photoquai.
C’est l’occasion de découvrir son rêve Arctique dans les quelques tirages présenté à la In Camera Galery jusqu’au 8 février.
Et de se promener dans le quartier…
A voir :
Tiksi
Evgenia Arbugaeva
A la In Camera galery
21 rue de Las Cases
75007 Paris