Evacuons d’emblée cette histoire de constitution et de sa relation avec la démocratie !
L’Angleterre, la plus ancienne démocratie moderne, ne dispose pas de constitution écrite! Et les anglais ne s’en portent pas plus mal du point de vue de la démocratie et de tout ce qui va avec comme droits individuels et collectifs.
La constitution américaine, écrite pour une population de pionniers et d’aventuriers, souvent génocidaires et parfois exploiteurs d’esclaves, est présentée comme le modèle suprême de la démocratie.
Il faut remarquer que certains amendements de la “loi suprême du pays” peuvent paraitre comme totalement anachroniques mis continuent à être respectés. Il en va ainsi du “deuxième amendement” relatif à la détention et au port d’armes par “le peuple”.
Dans nos pays, nous avons un culte spécial pour les “constitutions”!
La Tunisie vient de voter une nouvelle constitution et voilà que tout le monde crie à l’apothéose de la révolution du jasmin, à la victoire de la démocratie et à la célébration des droits de la femme, comme jamais ailleurs dans le monde arabe§
J’espère de tout mon cœur que nos amis tunisiens aient enfin trouvé la clé pour accéder à la démocratie qui leur est interdite depuis l’indépendance.
Mais je me dois d’exprimer les doutes les plus profonds sur l’application réelle de cette constitution, pratiquement idéale ou du moins idéalisée!
Elle a été votée par ceux-là mêmes qui depuis des mois freinaient des quatre fers pour tout ce qui a été inscrit dans ce texte fondamental n’y figure pas!
Pourquoi ce revirement?
Les égyptiens ont eux-aussi adopté une nouvelle constitution! Les mêmes égyptiens qui, il y a quelques mois aussi, avaient voté pour une autre constitution!
Nos amis du bord du Nil vont tout simplement remettre le sort de leur pays et leur propre sort à un général, devenu maréchal pour je ne sais trop quelle raison : voilà le véritable sens qu’il faut donner à ce texte fondamental!
En Algérie, la constitution ne prévoyait que deux mandats pour le président de la république : elle a déjà été changé une première fois pour offrir un troisième mandat à Bouteflika et peut-être même un quatrième!
Chez nous, le culte de la constitution est aussi fort et aussi spectaculaire. Tous les responsables politiques ne parlent que de la “constitution de juillet 2011″ et des possibilités qu’elle ouvre pour la mise en œuvre d’une véritable démocratie dans notre pays!
Certes, le texte de la loi fondamentale, malgré ses lacunes et ses ambigüités, offre des possibilités inespérées mais des pans entiers de ce texte sont encore à mettre en œuvre par la promulgation de lois organiques concernant les secteurs vitaux de la vie publique.
Ce gouvernement a encore trois ans pour y parvenir. mais au train où vont les choses, on peut douter fortement de l’aboutissement de ce vaste chantier législatif.
Et la constitution du 1er juillet 2011 a tous les risques de demeurer bancale pendant une période indéterminée!
Alors de grâce, arrêtons de nous pâmer devant de ces textes fondamentaux, que la plupart de nos compatriotes n’ont pas lu et dont ils ignorent le plus souvent les tenants et les aboutissants.
La démocratie ne se situe pas dans les textes, mais dans les faits!
Dans l’esprit avec lequel les gouvernants gouvernent, les jugent jugent, les élus remplissent leurs mandats!
Elle se mesure à l’aune de comptes que doivent rendre les responsables à l’issue de leurs missions, des sanctions prises contre les incompétents ou les indélicats, les fraudeurs, les profiteurs!
La démocratie se juge au niveau des droits de chacun et de tous : pas besoin d’en référer à un texte pour chacun voit ses droits reconnus et protégés dans le respect des droits des autres et du droit en général. Il suffit que les juges soient justes et intègres : cela aucune constitution ne le garantira!
La constitution ne peut être qu’un cadre : à nous d’élaborer le tableau qui y sera exposé!