Critique Ciné : Blackbird, adolescence brisée

Publié le 27 janvier 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

Blackbird // De Jason Buxton. Avec Connor Jessup, Michael Buie et Alexia Fast.


Blackbird repose avant tout sur le talent du jeune Connor Jessup. Ce dernier, gamin insupportable dans Falling Skies devient ici quelque d’intéressant et surtout d’assez surprenant. Je ne m’attendais pas nécessairement à ce que ce film traite son sujet sous cet angle sobre. Je m’attendais à quelque chose de plus nerveux et de plus facile. J’ai donc été surpris dans le bon sens du terme au travers d’une histoire presque bouleversante. Cet adolescent qui se retrouve accusé de quelque chose qu’il n’avait même pas l’intention de faire c’est tout de même assez efficace comme pitch de départ. Mais au-delà de ce point de départ intéressant, le film cherche à creuser la personnalité mystérieuse de son héros de même que la dualité qu’il y a en lui entre son lui intérieur qui a du mal à s’assumer en tant qu’homme (il se cache derrière ses parures gothiques, est harcelé à son école par les élèves populaires, etc.) et ce garçon qu’il tente d’être. Avant que l’on ne découvre qui est réellement Sean dans la seconde partie du film, quelqu’un d’assez touchant finalement derrière cette violence apparente.
Sean, adolescent tourmenté, est rejeté par les élèves du collège de sa petite ville canadienne. Isolé et mal dans sa peau, il se sert d’Internet comme exutoire et imagine des scénarios de vengeance virtuels.
Alertée, la police fait irruption dans la maison où elle trouve les armes de chasse de son père. Accusé de planifier un crime, Sean va devoir faire face à l’hostilité de la communauté et affronter une machine judiciaire obsédée par le principe de précaution.
Je ne dis pas que Blackbird est dénué de défauts mais l’ensemble fonctionne plutôt bien et rutile même de façon assez surprenante. Plus les minutes passe et plus le récit cavale. On nous emmène ici et là jusqu’à ce que Sean commence à prendre de l’assurance et surtout à devenir quelqu’un. Je me demande si derrière ce film Jason Buxton, réalisateur et scénariste, n’a pas voulu mettre en avant l’histoire d’un adolescent qui va réussir à grandir grâce à quelque chose de terrible. Car mine de rien, ce qui lui est arrivé est à souhaiter à personne. Tomber dans cette spirale infernale alors que l’on est complètement innocent. En tant que premier long métrage, Jason Buxton ne cherche pas à étonner par des effets de mise en scène et se contente donc de faire les choses sobrement. Il y avait un arrière goût de Sundance derrière ce film, mixé à du cinéma britannique racontant ce genre d’histoires sur des adolescents à problème (pour ce qui est de Sean ce n’est pas quelqu’un à problème mais qui s’est malheureusement retrouvé accusé à tord).
Pourtant, ce film traite d’un sujet déjà vu. On avait même déjà pu voir l’univers des prisons pour adolescents dans Dog Pound (certainement l’un des meilleurs du genre à mes yeux). Mais Blackbird c’est un film âpre et sensible à la fois. Il y a quelque chose chez Sean qui nous donne tout de suite envie d’avoir de la compassion pour lui. Notamment quand il tombe amoureux d’une jeune fille. Cette histoire d’amour est pourtant un assez gros classique, voire même un cliché, mais tourbillonné au milieu de Blackbird, cela fonctionne très bien. On a donc envie d’en voir encore plus. Pour ce qui est de la prison, je pense que l’on aurait pu soit plus nous en montrer (notamment car j’ai l’impression que le film va beaucoup trop vite sur les liens qui vont se tisser) ou bien montrer beaucoup plus de moments piquants. Car on a l’impression que tout veut tomber sous le sens, sans finesse.
Note : 7/10. En bref, un film difficile qui n’échappe mais aux poncifs du genre. Pourtant, le mélange d’une certaine douceur chez le héros du film à l’âpreté du récit est efficace. De plus, Connor Jessup surprend.