S’il y a un bien un tumblr qui m’a traumatisée, c’est Personal Branling. Afficher publiquement tous ceux qui se la racontent sur les réseaux sociaux parce qu’ils ont une vie stylée et que, c’est vrai, ils sont condescendants quand ils s’adressent à leurs « friends » ou « followers », c’est dur !
D’accord, ils méritent probablement leur sort. Sauf qu’au bout d’un moment, cette histoire de personal branling a fini par s’étendre un peu. C’est exactement comme l’histoire des Duck Faces : Au départ, faire une duck face c’était le fait poser avec une bouche en cul de poule, puis ça s’est étendu à un tel point qu’aujourd’hui si tu as le malheur de faire un sourire en coin sur une photo, on t’agresse direct sur Facebook. »DUCK FACE« . Alors que non. Rien à voir. Bah là c’est pareil. Car pour être un parfait personal branleur, il faut écrire un tweet ou un post Facebook à l’infinitif et ponctué de points. Parce que les points d’exclamation ça fait trop excité, sans doute. ex: « faire 8500km. Pour 48h. Par amour. Payé par Coca-Cola. #check ».
Le phénomène s’est peu à peu démocratisé au point que si un pelo a le malheur d’exprimer de la joie en racontant sa vie, il est immédiatement catégorisé personal branleur. Comme ça. Sans passer par la case départ.
Ce qui me faisait jadis rire, me fait désormais peur. J’ai passé des heures à lire ce tumblr, à rire du ridicule des autres, et puis je me suis mise à flipper moi aussi. Peur qu’un de mes tweets s’y retrouve, parce que j’ai souvent tendance à trop kiffer certaines de mes journées et qu’apparemment c’est moyennement bien vu. Alors j’ai fini par me censurer, j’ai fait attention à ce que je racontais, de peur de finir catégorisée comme « Personal Branleuse ». Mais depuis quelques temps, j’ai envie de faire ma rebelle, de m’émanciper à nouveau et d’être moi-même. Parce qu’en plus d’intéresser quelques uns de nos proches, ce genre de statut est un moyen de graver sur la toile les bons jours et qu’aujourd’hui, kiffer un peu sa vie est un luxe.
C’est tellement facile de parler des mauvais jours, de raconter nos looses, nos galères mais quand il s’agit de raconter nos bons jours, là il n’y a personne.
C’est d’ailleurs pour ça que je me suis lancée le défi de photographier un instant de bonheur par jour.
Oui, je positive, je kiffe les bons côtés de ma vie et je le dis. Est-ce du Personal Branling ? Non.
C’est peut-être juste la seule façon de ne pas devenir fou de ce monde de cinglés.