L'amour est un crime parfait, on est pour...et contre aussi!!

Par Filou49 @blog_bazart
27 janvier 2014

On l'avait déjà fait avec un beau succès (si on en juge évidemment le nombre de pages vues) avec le film de Valéria Bruni Tedechi,Un chateau en Italie, on renouvelle l'experience  (mais de façon inversée, je joue le "good guy", ce coup ci) en ce dernier lundi de janvier avec un autre film français qui divise pas mal de cinéphiles, si on en juge par les avis bien tranchés sur Allo ciné...

Il se trouve en effet que les deux chroniqueurs de baz art ont vu L'amour est un crime parfait. Et si, pour ma part, et un peu à ma grande surprise, j'ai bien pris énormément plaisir devant ce nouveau délire des frères Larrieu, Michel est sorti bien plus ronchon de la projection...

Et quoi de mieux que de vous livrer les deux avis, afin que vous ayez le plus envie de trancher par vous même?

1.L'avis-bien luné- de Filou : Les Larrieu au sommet?

Il y a des films qu'on va aimer qu'on le voie dans n'importe quelles conditions et même à n'importe quel moment de sa vie, qu'importe le contexte et sa propre maturité pour l'appréhender, et puis d'autres qu'on aime (ou qu'on n'aime pas) simplement parce qu'au moment où on le voit, il tombe bien (ou moins, vous avez compris le concept;o).

Manifestement, "L'amour est un crime parfait", le dernier long métrage des iconoclastes frères Larrieu, rentre dans la seconde catégorie: j'ai vu le film dans une très grande salle de cinéma ( la salle numéro 1 de UGC Astoria pour ne pas la citer), à la séance de 22 heures (le moment où je suis le plus en forme de la journée, aussi étrange que cela puisse paraitre et surtout qui sied parfaitement à ce genre d'ambiance) à un moment de ma vie où le blog aidant, je pense être de plus en plus sensible à la mise en scène, parfois au détriment de la linéarité du scénario, qui a pourtant été pendant très longtemps mon seul cheval de bataille.

Bref, alors que les précédents films des frères Larrieu m'avaient toujours semblé trop surréalistes, trop désincarnés, trop chichiteux, avec des personnages qui agissent en dépit de tout sens logique,  cet Amour est un crime parfait, auquel on pourrait tout à fait adresser les mêmes reproches, m'a fait passer un excellent moment de cinéma.

En effet, alors même  que j'avais trouvé "Incidences", le roman de Djian à l'origine du film  plutôt faiblard ,l'adaptation qu'en tirent les frères Larrieu est à la fois fidèle (en reprenant cette trame de départ de ce prof de fac qui se retrouve un matin avec une jeune fille dans son lit...complètement morte) mais ils y arrivent en même temps à se l'approprier et à y insuffler leurs touches personnelles.

Comme dans le bouquin de Djian, la forme compte bien plus que le fond : l'essentiel ne réside pas tant dans le résultat, mais plutot dans la façon dont on y arrive.

Ainsi, cette intrigue vaguement policière de disparition est plus un alibi (seul le dernier quart d'heure nous apportera une résolution concrète alors qu'on ne l'attendait pas vraiment), et on oubliera les quelques petites incongruités du scénario, car ici, contrairement au roman, la forme m'a vraiment envouté, voire même hyptonisé et c'est cela qui importe avant tout dans ce genre de cinoche.

Pour créer cette ambiance envoutante, les Larrieu utilisent tout leur immense talent de filmeurs, en usant de bien beaux travellings qu'ils maitrisent à la perfection, afin demagnifier ses fameux paysages de haute-montagne qu'ils apprécient tant et qui semblent ici tout à la fois apaisants et angoissants.

Mais outre ces magnifiques contrées enneignées, les cinéastes ont su trouver un autre décor exceptionnel qui sied parfaitement à l'univers de leur intrigue, à travers cette université privée, à l’improbable architecture , toute en volutes de béton et grandes baies vitrées, qui apporte un coté très proche du fantastique. Ces deux lieux, montagne plus faculté, offrent ainsi un écrin magnifique à la mise en scène des frères Larrieu, qui ont su trouver en plus dans la musique de Christophe un accompagnement aux petits oignons.

Alors bien sûr, je peux comprendre qu'on puisse rester un peu (beaucoup?) sur le bord de cette route conduite par les Larrieu Brothers, qui opte parfois pour un style un peu déconcertant, un décalage entre des dialogues trops écrits, trop apprétés et une  disparition dans la façon de jouer des acteurs plus ou moins naturalistes. Et je dois dire avoir été un peu irrité par le maniérisme du jeu de Mathieu Almaric que j'avais  pourtant tant apprécié dans La si Polanskienne Venus à la fourrure.

Mais le film possède, en plus de sa mise en scène assez éblouissante,  un versant comique indéniable, un humour au second degrès  salvateur qui fait virer le film parfois à la farce tordante (notamment grace à l'impayable Denis Podalydès qui rehausse un personnage bien falôt dans le roman) et qui permet de rendre ce cauchemar éveillé un chouia plus soutenable pour le spectateur ...

Bref, une preuve que je peux parfois apprécier à leur juste valeur les OVNIS dans lequels le scénario et l'approche psychologique ne sont pas forcément essentielle et  j'attends désormais assez impatiemment de voir si le prochain opus des Larrieu Brothers me fait le même effet...

2 L'avis- moins sympa de Michel : Quand Hansel et Gretel habitent en Suisse!!

« L’amour est un crime parfait » est-il un film parfait ? Evidemment, c’est bien joué, avec des pointures pareilles, à ce jour aucun metteur en scène, même mal intentionné, n’a réussi à rendre mauvais, Viard, Amalric ou Podalydes. Oui, laneige est tellement photogénique, le chalet semble tout droit sorti d’ELLE décoration et les panneaux vitrés de l’université sont magnifiques , donc, deux ou trois mouvements de caméra et l’on peut dire que la mise en scène est soignée, mais bon sang, ce n’est plus un scénario, c’est... une passoire!!

Pourquoi ce premier meurtre ? Pourquoi le frère et la sœur habitent-ils un chalet qui a brulé il y a trente ans ? : les pédo-psy de l’époque ont-ils bienfait leur boulot ? Lausanne n’est pas une très grande ville et à quarante-cinq ansle gentil professeur séducteur, à ce rythme,aurait certainement couché avec la moitié féminine de la ville, et cerise sur le gâteau une femme flic qui se fait passer pour la belle-mère délaissée et éplorée, là, on est en plein un conte de fée (au secours Jacques Demy).

Au fait, savez vous, cher frères Larrieur, que cela fait bientôt trente ans que lorsque la flamme d’une cheminée à gaz s’éteint, le gaz par sécurité se coupe, à moins, seule hypothèse, que le propriétaire de l’hôtel au bord du lac Léman, se soit meublé chez Emmaüs, et n’ai pas fait vérifié ce satané réchaud  ( NDLR: seuls les gens qui ont vu le film pourront comprendre l'allusion) .Bref, cet amour est un crime parfait est certes un long métrage beau, bien joué, mais qui ne tient asurément pas debout.

 Une chose est sure, Je propose au frère Larrieu ma disponibilité de spin-doctor pour leur prochain film!!!

 Bande-annonce "L'AMOUR EST UN CRIME PARFAIT" (sortie le 15 janvier 2014)

 

 Et vous, alors ceux qui ont vu le film, vous êtes de quel côté de la balance? Et ceux qui ne l'ont pas vu, vous pensez être plutôt de laquelle?