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Palazzo Cavalli Franchetti Gussoni – 1ere partie

Publié le 27 janvier 2014 par Oliaiklod @Olia_i_Klod

Hier, nous vous avons fait visiter, en secret, l’intérieur du Palazzo Cavalli Franchetti Gussoni, sur le Grand Canal, à l’angle du rio dell’Orso, près de l’église San Vidal, au pied du ponte de l’Accademia.

Palazzo Gussoni Cavalli Franchetti

Nous l’avons évoqué hier, c’est vers le milieu du XIVème siècle que Andrea Marcello ambitionne de construire une demeure qui représente la fortune et les ambitions de sa famille. En 1473, nous trouvons trace d’un accord important : il est conclu entre Andrea Marcello dit Alvise et ses frères (Gerolamo, Zuanne, Bernardo et Francesco, surnomé il Barbaro) d’une part et Andrea Mocenigo, d’autre part, à propos d’un "muro comun della casa da statio a San Vidal in Venetia verso ponente." Donc, à cette époque, le palais était déjà construit, ou en cours de construction, ce qui aurait nécessité l’accord de Mocenigo pour le mur contigu.

Mais un siècle plus tard, entre 1514 et 1531, le second étage de leur palais revient à l’antique famille Gussoni. En réalité, cette cession est liée à Elisatbetta Marcello dite Isabeta, veuve en 1514 de Vincenzo Gussoni, et dont le fils, Jacopo Gussoni, racheta des droits de son oncle Bernardo Marcello et devint propriétaire des "andito, corte, crozola del portico di sopra, azion da far un terzo pozo, et tuta la sofi ta, eccentuando la camara grande del portico di sopra, et sua sofi ta". Bernardo Marcello laissera à sa fille Francesca pour l’utiliser comme sa propre demeure " l’ammezzato sul Canal Grande, compresa parte del portico terreno, cucina e cantina aziò la possi stare segondo el suo grado". C’est donc, encore à cette époque, un partage de l’immeuble entre des membres de la même famille.

Palazzo Gussoni Cavalli Franchetti

En 1569, tout le premier étage du palais est acheté, 14.000 ducats, par le grand diplomate Marino Cavalli, il kavalier, issu d’une puissante famille vénitienne. Il n’existe aucun signe d’une cohabitation difficile. À cet égard, il est curieux de constater qu’un incendie dans le bâtiment au tout début du XVIIème siècle fut à l’origine d’un travail de réparations, et que tout se finira paisiblement avec une transaction, et l’accord entre les deux frères Federico et Marin Cavalli d’une part, et Giovanni Gussoni d’autre part. Mais cela a généré une querelle au sein de la seule famille Cavalli, dont on retrouve la trace avec un procès : "Processo secreto fatto da ser Marin Cavalli contro l’agiostamento fatto da ser Ferigo suo fratello con ser Zanne Gussoni per la casa di San Vidal"

Palazzo Gussoni Cavalli Franchetti

Ainsi coupé en deux, le palais offrait une dualité d’espaces délimités, dont la séparation totale, limitait les contacts possibles, et cette séparation, mâtinée d’une secrète tension faite de rapports de domination et de soumission, marquera profondément l’histoire de cette demeure.

Au fil des générations, la maison familiale de San Vidal continue d’apparaître dans les recensements, dans les dispositions testamentaires et les inventaires de biens des Cavalli, dont elle est le cœur. Avec les ramifications de la famille, on a agrandi l’espace vital, avec un étage de logements en mezzanine attenante, que Marino Marcello avait acquit en 1569. Le patriarche souhaitait, en effet, que "tout le monde puisse vivre à San Vidal sans avoir à payer de loyer, uniquement en participant aux charges" … "et lassar cohabitar secco tuti quelli sui fratelli che vorran starvi, senza pagar fìtto alcuno, ma solo contribuir alii concieri di essa e gravezze della terra". A partir de 1609, la famille loue, pour Ferrigo, une autre maison pour 200 ducats par an. C’est la conséquence des désaccords entre les frères au moment de l’incendie. Même le mobilier est alors partagé.

Cette nécessité d’augmenter l’espace vital pour les membres de la famille, pousse les Cavalli à louer d’autres immeubles. Donata Cavalli réussit même à acheter "Due case in contrà di San Vidal attacate alla nostra casa dominicale acquistate dalla N.D. Lucina Michiel, per instrumento di Andrea Bronzini nodaro di Venezia, 14 Ottobre 1654". C’est, sans doute, l’immeuble du campo Santo Stefano, propriété en 1711 de Lucrezia Cavalli veuve d"Antonio da Mosto qu’elle loua pour 80 ducats par an à Antonio Canal "qui était de l’ excellentissime Giovanni Carlo".

Palazzo Gussoni Cavalli Franchetti

Bref, tout n’allait pas pour le mieux du monde entre les membres du clan Cavalli.

Déjà la veuve de Marino, Giustiniana Giustinian, en désaccord avec les volontés de son mari, avait privé d’héritage son fils Giovanni (surnommé Marino il giovane) "per haver quello [Giovanni] hauto vantagio nelle divisioni della casa di più di ducati 40 mila". Les héritiers semblaient donc devoir constamment faire valoir leurs droits sur la "bonne maison de San Vidal".

Nous avons encore trouvé une "protesto secreto che poi non hebbe seguito" en 1663,où les frères Giacomo et Zuanne attaquent Ferigo "per crediti tra di loro, et per la casa da San Vida".

En 1740, les frères Marino et Giacomo Cavalli dénonçaient Antonio, dans plus de vingt-cinq pages qu’il résidait dans des propriétés réparties dans toute la Vénétie, l’invitant à comparaître dans la  "casa dominical in contrà di S. Vidal dove al presente abitiamo".

Lunardo Cavalli, fils d’un autre Marino Cavalli, fut le dernier descendant mâle de la lignée. Sa fille, Maria Elisabetta Anna, épousa le 18 janvier 1811 un Niccolo Antonio Giustinian fils de Sebastian Giulio. Et ainsi se dispersèrent les biens et les souvenirs des Cavalli, que le patriarche, Marino, trop confiant en sa descendance, croyait intemporels.

Palazzo Gussoni Cavalli Franchetti

Cette sorte de co-propriété, avec un partage horizontal de l’immeuble, va durer jusqu’à la fin du XVIIIème siècle. Le bâtiment va changer de propriétaires, et au contraire, va commencer un véritable tourbillon de fortunes singulières.

… mais pour connaître la suite, vous devrez attendre demain !

Palazzo Gussoni Cavalli Franchetti


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