Avant-hier l’Argentine a commencé à dévaluer sa monnaie qui en deux jours a perdu 13,9% de sa valeur par rapport au dollar, une nouvelle qui divise les acteurs des marchés financiers. Est-ce vraiment un choix stratégique ou plutôt une contrainte dûe à la crise économique que traverse l’Argentine en ce moment ? Quel impact cette dépréciation aura sur l’économie locale et mondiale ?
Les grandes places boursières commencent à peine à réaliser l’ampleur de cette décision. En légère hausse à l’ouverture, le CAC a perdu environ 1%, tandis qu’à Madrid, l’Ibex 35 réalise une culbute de près de 3%. James Butterfill, stratégiste chez Coutts pense qu’on assiste à un creusement des déficits dans toute l’Amérique latine, l’Espagne étant clairement le pays européen le plus exposé. Telefonica, l’une des valeurs les plus touchées par cette décision en Argentine, avec plus de 6% du chiffre d’affaires réalisé dans le pays sud-américain, perd plus de 4%. Au sein de la place boursière parisienne, c’est Carrefour qui paye, avec une chute de près de 1,5%. Selon Bloomberg le distributeur réalise 3,78% de son chiffre d’affaires en Argentine. Dans la même foulée, Casino, très présent au Brésil, perd plus de 2%.
Dans ce contexte de doute général sur les réserves de monnaies, l’inflation et la compétitivité des entreprises argentines, le taux de change a fait un bond historique à 8,34 pesos pour un dollar, avant de retomber à 8,01 à la clôture. Un choc pour les argentins, habitués dans les années 1990 à la parité peso-dollar.
Ce revirement brutal de stratégie devrait permettre à l’Argentine d’arrêter de puiser dans ses réserves. Celles-ci ont baissé de 52 milliards à 29 milliards de dollars depuis début 2011, l’Argentine ayant dû bien entamer ses économies pour régler les achats de carburant à l’étranger et rembourser sa dette.
Secoués par la crise économique de 2001 et l’inflation qui altère le peso depuis quarante ans, les Argentins n’ont plus confiance en leur monnaie et ont pris l’habitude d’épargner en dollars, qui maintenant est utilisé de manière exclusive pour régler les transactions immobilières. Le gouvernement de la présidente Cristina Kirchner multiplie les tentatives pour redorer le blason d’une économie qui bat de l’aile.
E.M.B