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IV. Éloge de la transformation

Publié le 26 janvier 2014 par Romuald Le Peru @SwedishParrot

Qu’y-t-il entre deux états de la matière ? L’état de la matière existe-t-il seulement ? Qui peut dire exactement à quel moment l’eau sous l’action du feu se transforme-t-elle en vapeur ? Le cartésien dira que c’est à 100°C précisément, mais que cela varie en fonction de la pression atmosphérique. Le prudent occidental dira qu’il ne sait pas vraiment, peut-être lorsqu’on commence à voir les premières volutes de fumée flottant à la surface de l’eau bouillante, et qu’il a certainement d’autres chats à fouetter. Le fou (pour qui ?) dira que la vapeur est déjà contenue par essence dans l’eau, que l’eau est un devenir vapeur… L’asiatique dira certainement que tout est dans tout et que l’eau se transforme en vapeur lorsque l’eau a décidé de ne pas rester eau et de devenir vapeur, que les états sont mouvants, soumis à caprices, et que rien ne reste dans l’état dans lequel il est (déjà c’est une erreur de dire cela si l’état n’existe pas…), qu’il est pris dans un tourbillon de transformations et que son être prend racine dans la… transition…

Quelle drôle d’idée pour toi le Grec, le Français qui vit dans cette grande civilisation née de la démocratie athénienne. Un écrivain (Charles Dantzig, pour ne pas le nommer) disait qu’à part les Grecs, les Français étaient certainement les gens les plus désagréables au monde, fait certainement dû au haut degré de civilisation, ce qui exempte de faire de efforts pour bien se comporter…

Il m’aura fallu du temps pour opérer cette transformation en moi, cette transformation qui m’a fait me dégager d’un certain nombre d’incertitudes terribles qui ne me menaient nulle part. Aujourd’hui, je remets les choses à plat. Il y aura plus de moi ici, plus de ce que je suis, plus de ma vie au quotidien, parce que je sens que c’est ici que les choses se passent. Les 55 jours de Pékin ne m’apportent rien, et je recentre tout ici.

Thanon Bamrung Muang - Bangkok - Thaïlande - août 2013

Thanon Bamrung Muang - Bangkok - Thaïlande - août 2013. Localisation précise de cette photo sur Google Maps.

Dans ma tête, le chemin est amorcé aussi, tout se transforme. Antoine Lavoisier disait ça non ? Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Et pourtant, il n’avait jamais lu François Jullien et il n’avait pas non plus de quelconques origines asiatiques. Enfin, pas que je sache… En fait, non, ce n’est pas lui qui disait ça, il n’a fait que reformuler la maxime d’Anaxagore de Clazomènes :

Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau

Alors les Routes Croisées réapparaissent ici, comme par enchantement. J’ai réussi à récupérer quelques photos de Bangkok provenant de mon Sprocket Rocket, que je vais pouvoir distiller dès lors que je les aurais reconstituées. Il va me falloir les passer au scanner, plusieurs fois pour récupérer les perforations qui sont normalement elles aussi imprimées, les superposer, les corriger. Pas évident mais c’est malheureusement le seul moyen que j’ai de les exploiter.

On dirait que c’est reparti.


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