Comment rendre hommage à ma feue mère? En étant bien vivant.
Hier il y avait tout juste douze ans que ma mère est morte.
Je me suis rendu à Reims, au chevet d'un ami gravement malade. Nous avons eu beaucoup de plaisir à nous revoir et nous avons bien ri. Il a retrouvé la foi, non pas celle qui soulève les montagnes, mais celle qui les aplanit...
Dans la rue de la clinique où il est hospitalisé il y avait une maison, Etche Churia, clin d'oeil au Pays Basque où ma mère a passé les dernières années de sa vie; il y avait une maison de Champagne, Lanson, clin d'oeil aux bonnes choses que ma mère aimait.
Je me suis rendu après à la cathédrale où furent sacrés les rois de France à partir du XIIe siècle, les faisant passer du statut de gentil dauphin à gentil roi...
Avant de repartir j'ai pris un chocolat chaud chez Au Bureau, place du Cardinal Luçon...
Retourné en région parisienne, j'ai soupé avec mon fils cadet à St Germain-en-Laye, dans un restaurant italien, où nous avons savouré une bruschetta au saumon, puis un risotto aux truffes blanches, enfin un sorbet au limonicello, accompagnés d'un valpolicella classico...
Nous avons bavardé jusque tard dans la nuit et refait le monde...
Ma mère, de là-haut, a dû se réjouir que sa lignée soit bien vivante...
Francis Richard
A l'occasion de ses septante-cinq ans, une fête fut donnée en l'honneur de ma mère le 30 septembre 1995.
A cette occasion je composai une ballade :
Maman
Très attendu Papa s'en vient,
L'âme aimante et calcinée,
Au plat pays qui est le tien,
Faire de toi sa dulcinée.
Conquise aussi par la tendresse
De qui n'entend rien au flamand,
Tu perds le temps dans cette presse
De prononcer le mot Maman.
Jalousement il te retient
Dans les doux liens de l'hyménée.
Tu es sa reine au doux maintien,
Pour accomplir ta destinée.
De vos amours quatre enfants naissent.
Ils sont tous beaux, évidemment,
Et sous ton aile ils n'ont de cesse
De prononcer le mot Maman.
Quand l'un d'entre eux, vieilli, revient,
C'est à l'ombre des Pyrénées
Qu'avec bonheur tu te souviens
Des cependant proches années
Où il pleuvait quelques détresses,
Que tu calmais élégamment.
A nous toujours, pour ta jeunesse,
De prononcer le mot Maman.
Envoi
Enfin, Prince, dans l'allégresse,
A votre Mère au firmament,
Permettez-nous, avec adresse,
De prononcer le mot Maman.