Les gens me disent souvent que j’ai été courageuse de continuer mes études et d’avoir un travail en étant malade.
En réalité, j’ai juste fait ce qui était le moins difficile pour moi à ce moment-là. Je crois que c’est ce qu’on fait tous, dans la vie. On choisit la solution qui n’est pas la pire, celle qui nous fait le moins mal. Quand on est schizophrène, on n’a pas d’autre choix que de se battre ou mourir. Mourir, j’ai longtemps pensé que c’était le mieux pour moi, mais ce courage-là, je ne l’avais pas. Alors il me restait la choix de m’accrocher à ma vie ou de l’abandonner. L’abandonner, je ne voulais pas, ça m’effrayait trop, ça aurait été trop douloureux. Etre longtemps hospitalisée, rompre avec ma vie d’étudiante, plus tard avoir de faibles revenus, vivre seule sans travailler ou chez mes parents, ça aurait été trop dur à supporter pour moi. Pour d’autres, c’est la vie que j’ai choisie qui est trop dure à supporter, parce que c’est vrai, ce n’est pas un choix facile. Mais a-t-on aucun choix facile quand on est schizophrène? N’en faut-il pas du courage pour supporter l’hôpital psychiatrique, les traitements lourds, la pauvreté, le regard des gens? En quoi ceux qui vivent ainsi auraient-ils moins de courage que moi? On peut aussi fuir tout cela, se laisser glisser dans la folie, et je pense que ce choix est le plus douloureux de tous. Je n’en voulais pas parce que je me sentais incapable de le supporter.
Ce que je voulais, c’était souffrir moins, c’est tout. J’ai seulement choisi la solution qui me permettrait d’y arriver. Chacun choisit la sienne, avec courage ou pas, quelle importance, on avance c’est tout, parce qu’on n’a pas d’autre choix, parce que c’est la vie. Parce qu’on n’a pas d’autre choix que d’avancer ou de mourir. On est obligé d’être courageux si on veut vivre, on ne fait rien d’autre que ce que tout le monde ferait dans la même situation.
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