Oui cet article s'est fait attendre, il a donné lieu à une longue période de gestation car je n'arrivais à me décider à critiquer cette marque que j'admire beaucoup dans le domaine de la mode et de la danse.
Pour ceux qui ne connaitraient pas l'historique de la marque, elle fêtera dans quelques années ses 70 ans ! C'est avant tout à l'origine une histoire de famille, avec Rose Repetto en créatrice. De ses doigts de fée naquirent en 1947 des chaussons de danse qui marquèrent le début d'une belle aventure française. Marque iconique pour tous les danseurs, elle a su se diversifier et atteindre une cible plus large, en passant de tenues spécialisées pour la danse à des chaussures et pièces de prêt à porter plus classiques mais portant en elles la poésie et le savoir faire qui la caractérisent. Si la marque a su grandir avec son temps, elle revendique son expertise et son côté traditionnel en maintenant des ateliers avec une part de travail manuel non négligeable.
Bref cette marque a tous les atouts pour séduire les femmes : une histoire, une aura très française, de la poésie, une réelle expertise.
Je suis amatrice de ce qu'elle représente au niveau du textile. De ce fait, quand j'ai ouï dire que la marque allait lancer son premier parfum, je n'ai pas caché mon enthousiasme, je rêvais déjà à ce dernier, empreint de la même élégance française et de la même délicatesse. Je l'imaginais proche de ses valeurs, proche des traditions, du respect du savoir faire des parfumeurs. C'est certainement pour cela que la chute fut si difficile pour moi, et certainement pour d'autres admirateurs de la marque, ceux qui ont un tant soit peu de recul sur les parfums pour pouvoir cerner les plans foireux marketing et les jolis lancements, ceux qui oeuvreront dans la durée.
Il est si regrettable que Repetto ait choisi la première option !
Pourtant le visuel publicitaire est sympathique, les moyens utilisés pour faire découvrir le jus aussi, mais le flacon est cheap et si peu rattaché au patrimoine de la marque, sans parler du jus, pour moi un fiasco artistique !
Pourtant à ses commandes, Olivier Polge ! Un parfumeur qui possède à son actif le très réussi Cuir Beluga ou encore Midnight in Paris. Hélas quand un créateur aussi doué que lui est aux prises avec un service marketing persuadé d'avoir la science infuse et certain que les consommatrices sont trop butées pour apprécier à sa juste valeur un parti pris olfactif franc, malheureusement on arrive à un jus au mieux insipide, au pire à un La vie est moche ...
C'est certainement ce qu'il s'est produit !
Le premier parfum Repetto n'est pas "désagréable" en soi, il est seulement très en dessous de ce que l'on pouvait attendre de lui. On se retrouve donc avec un jus terne (et non lumineux comme une danseuse), un jus digne d'une ligne de gels douche. Il est banal, un jus de fruits arrangé mêlant fruits jaunes et fruits rouges à une rose imaginaire et à un fond tirant sur le patchoufruit (léger fort heureusement).
Je m'attendais à un parfum gracieux comme il était annoncé, vaporeux et poudré, pourquoi pas avec une pointe de cuir blanc, pas du tout à un jus décevant comme cela, hélas ! C'est un floral fruité, certes, mais dans cette catégorie appréciée des femmes, il existe tout de même de jolis parfums ! Celui ci est sans risque, pensé comme une usine à cash et non comme une oeuvre artistique. Je suis pourtant certaine que le parfumeur avait dû fournir des pistes olfactives plus riches et fidèles à l'état d'esprit de la marque et qu'il n'a pas été écouté. Ou alors peut être qu'il s'agit d'une soumission intéressante aux prémices, que des allers et retours incessants ont dénaturé. Nous ne le saurons jamais, mais j'ai du mal à croire que monsieur Polge fils ait pu proposer ceci de lui même, pour moi il est d'un niveau bien supérieur.
En tant que femme, je ne me retrouve pas du tout dans ce parfum, pourtant je me sentais proche de la femme Repetto. Pour moi cette femme avait dans son allure une signature douce mais reconnaissable, ce petit plus qui fait la différence. Le parfum en question se plonge quant à lui dans la masse, dans le déjà vu et déjà senti, bref, sans personnalité.
En résumé ce parfum est comme une jeune ballerine dont on entendrait parler dans le monde entier, héritière d'une famille de danseurs renommés, que l'on découvrirait gauche et lourde lors de sa première représentation pourtant prometteuse sur le papier.
Triste constat ... Espérons qu'ils changeront définitivement de stratégie par la suite ! (l'espoir fait vivre comme on dit)