On y découvre Bukowski à 50 ans, au moment où il tente de percer en littérature. Poète reconnu pour ses lectures publiques mouvementées, père d’une fillette de six ans, il s’abîme chaque jour un peu plus dans l’alcool et la solitude. Sa courte liaison avec Diana met fin à plusieurs années sans femme. Entre deux frasques éthyliques, il parvient à être un papa plein de tendresse. Puis on revient sur sa jeunesse, le père violent qui le fout à la porte à 18 ans, les petits boulots qu’il enchaîne à travers l’Amérique, de chambres minables en chambres minables, ses premières tentatives d’écriture qui se soldent par des refus de tous les éditeurs auxquels il soumet ses textes. Il échappe à la mobilisation en 1945, réformé pour instabilité mentale. Puis ce sont ses années de travail abrutissant à La Poste. Montelli raconte aussi la fameuse anecdote où il se retrouve à l’hôpital pour un terrible ulcère dont il réchappe miraculeusement. Le médecin lui dit que s’il boit un verre de plus, il y laissera sa peau. Buk l’écoute religieusement et en sortant de l’hosto il rentre dans le premier troquet et s’en jette un derrière la cravate.
Un album sympa mais sans plus. C’est assez décousu, on passe d’un événement à l’autre, d’une période à l’autre sans véritable lien. Le portrait est touchant sans tomber dans l’idolâtrie, ce que je craignais le plus. Maintenant je me demande à qui s’adresse cette BD. Les fans connaissant sa vie par cœur (c'est-à-dire moi) n’y apprendront rien de nouveau. Les autres risquent d’être un peu perdus. Surtout, le plus gros problème selon moi c’est que l’on ressort de cette lecture sans avoir compris à quel point cet écrivain est gigantesque. Je ne sais pas, ça manque de citations, de quelques extraits, d’indices permettant à un néophyte de déceler la nature si particulière et incroyablement moderne de son œuvre. Du coup, « frustration » est le mot que je garderais en refermant ce livre.
Goodbye Bukowski de Flavio Montelli. Casterman, 2014. 156 pages. 15 euros.