Bukowski est mon écrivain préféré celui qui a fait de moi un
lecteur, rien de moins. On « fête » en 2014 les 20 ans de sa mort et
pas mal d’ouvrages lui seront consacrés. Des rééditions de ses textes, un
recueil d’inédits que je suis en train de dévorer, quelques biographies que
j’ai déjà lues et donc cette BD réalisée par un jeune dessinateur italien né en
1984.
On y découvre Bukowski à 50 ans, au moment où il tente de
percer en littérature. Poète reconnu pour ses lectures publiques mouvementées,
père d’une fillette de six ans, il s’abîme chaque jour un peu plus dans l’alcool
et la solitude. Sa courte liaison avec Diana met fin à plusieurs années sans femme. Entre deux frasques éthyliques, il parvient à être un papa plein de
tendresse. Puis on revient sur sa jeunesse, le père violent qui le fout à la
porte à 18 ans, les petits boulots qu’il enchaîne à travers l’Amérique, de
chambres minables en chambres minables, ses premières tentatives d’écriture qui
se soldent par des refus de tous les éditeurs auxquels il soumet ses textes. Il
échappe à la mobilisation en 1945, réformé pour instabilité mentale. Puis ce
sont ses années de travail abrutissant à La Poste. Montelli raconte aussi la fameuse
anecdote où il se retrouve à l’hôpital pour un terrible ulcère dont il réchappe
miraculeusement. Le médecin lui dit que s’il boit un verre de plus, il y
laissera sa peau. Buk l’écoute religieusement et en sortant de l’hosto il
rentre dans le premier troquet et s’en jette un derrière la cravate.
L'ouvrage se termine sur deux rencontres qui vont changer sa vie. D’abord un
éditeur qui lui demande d’écrire un roman et lui propose de le rémunérer avant
même la publication, ce qui lui permet de quitter son boulot. Il rédige alors
« Le postier » en 21 jours. Ce sera le véritable début de sa
carrière. Ensuite il rencontre Linda, avec laquelle il se mariera en 1985. Une
femme extraordinaire qui veillera sur lui et l’accompagnera jusqu’à son dernier
souffle.
Un album sympa mais sans plus. C’est assez décousu, on passe
d’un événement à l’autre, d’une période à l’autre sans véritable lien. Le
portrait est touchant sans tomber dans l’idolâtrie, ce que je craignais le
plus. Maintenant je me demande à qui s’adresse cette BD. Les fans connaissant
sa vie par cœur (c'est-à-dire moi) n’y apprendront rien de nouveau. Les autres
risquent d’être un peu perdus. Surtout,
le plus gros problème selon moi c’est que l’on ressort de cette lecture sans
avoir compris à quel point cet écrivain est gigantesque. Je ne sais pas, ça
manque de citations, de quelques extraits, d’indices permettant à un néophyte
de déceler la nature si particulière et incroyablement moderne de son œuvre. Du
coup, « frustration » est le mot que je garderais en refermant ce
livre.
Goodbye Bukowski de Flavio Montelli. Casterman, 2014. 156
pages. 15 euros.