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Un récit de Francesca Tremblay…

Publié le 25 janvier 2014 par Chatquilouche @chatquilouche

 La nourriture de l’âme, c’est les idées qui foisonnent et les mots qui manquent devant tant de beauté.fran  C’est les rires partagés et les œillades échangées.  Les coups au cœur, les soleils qui se couchent sur nos vies et ceux qui se lèvent dans tes yeux.

Il y a longtemps que mon âme n’a plus faim.  Il y a longtemps qu’elle se meurt.

Je ne me souviens plus du matin où j’ai oublié d’aimer la vie, mais je sais qu’aujourd’hui, c’est ainsi.  Je ne sais plus depuis quand ce mal d’être m’a envahi, mais toi, tu me souris.  Tu ne comprends pas, mais tu t’efforceras, comme si tu voulais porter ma croix.  Je vois bien que tu ne pourras pas comprendre.  Tu n’es pas rendue là.  En fait, tu ne le pourras jamais, même si tu essayais.  Tu es née pour le bonheur et il s’accroche à toi comme un enfant aux jupes de sa mère.  Il y a de ces sourires que tu lances qui resteront à jamais heureux et audacieux.  Mes sourires en réponse sont tristes et je tremble d’effroi.

Qu’est-ce qu’il me manque ?  Qu’est-ce qui cloche chez moi ?  Est-ce que j’ai oublié de dire « merci la vie » ?  Qu’est-ce qu’on me reproche ?  Est-ce qu’on me fait payer une faute, une bêtise commise ?  Je n’ai pas choisi d’être malheureux, mais je crois que c’est lui, le malheur qui m’a choisi.

On dit que c’est un désordre hormonal.  Je dis que j’ai les neurones sur le B.S. J’ai la chimie du cerveau qui fout le camp, qui se barre avec mes souvenirs heureux, derniers vestiges des bonheurs qu’on consomme à pleine gueule.  Il y a dans ma cervelle un savant fou qui joue avec mes fioles remplies de sérotonine et qui va faire exploser son labo.  Pétage de câble pour rien, goût de la vie qui diminue.  Pire qu’une peine d’amour.  C’est une peine de vie.  Je ne suis même plus apte à beurrer mon pain tellement je suis las de tous les matins.  Je me passerai de peinte de lait encore aujourd’hui parce que je n’ai pas envie d’affronter le monde derrière ma porte.  Il est turbulent, le monde.  C’est lui qui me corrompt, qui me bouscule.  Espèce de société pathétique dont nous sommes tous les rats de laboratoire.

 Le médecin et ses termes compliqués pour une maladie si simple.  Merde, dis-le, le mot !  C’est à moi qu’il faut que tu parles !  Elle, elle n’a rien à voir là-dedans.  J’ai encore toute ma tête, bordel !  Je ne suis pas un maudit fou !  Elle, elle n’est pas dans ma tête, pis je lui souhaiterai jamais une telle chose.

 Si seulement le médecin pouvait changer ma tête pesante de plomb en or.  « Regardez comme elle brille !  Tous les soleils n’égaleront jamais la lumière que ma tête diffuse tant elle est brillante ! » Mais non, il faut que je me contente qu’elle soit lourde.  Comme mes pieds qui refusent de bouger.  Je suis prisonnier d’une enveloppe de chair dressée pour mourir.  Lourde comme ce corps qui a peur des autres corps autour.  Comme ce fardeau qui pèse sur mes épaules et dont je ne connais pas la raison.  Espèce d’alchimiste à la noix, qui signe mes prescriptions comme on signe des autographes.  Je suis sorti du bureau avec la rage résignée.  Ça, c’est une rage qui s’endort, qui se morfond.  Qui fait que d’aller au front nous semble stupide.  Qu’il vaut mieux regagner notre tranchée parce que s’il nous venait l’envie de fuir, nous pourrions le faire en glissant sur notre carotide une lame effilée de notre rage résignée.

Je n’ai jamais pensé que j’étais à l’abri de ça.  En fait, ça ne m’avait jamais effleuré l’esprit et j’étais désolé pour l’un ou l’autre à qui ça arrivait.  « Ça va aller mieux… » qu’on me dit, mais non, ça ne va pas mieux.  J’ai envie d’en finir, j’ai envie de changer de chapitre.  Je suis le héros d’un livre plate à mort et j’ai juste envie de fermer le livre, arrêter l’histoire.  Mais comment arrêter la mienne quand chaque matin, c’est mon reflet que je vois dans le miroir ?

Toi, ma belle amie, tu dors encore dans notre le lit, les draps recouvrant à peine ton corps sublime.  Belle à l’intérieur comme à l’extérieur.  Hier, tu m’as tendu la main pour que je te suive jusqu’à la chambre à coucher, mais je n’avais pas envie.  J’ai dit que j’allais te rejoindre en laissant tes doigts glisser dans ma paume.  « Dans un instant, j’arrive… » Mais l’instant fut long.  Le plus long de toute ma vie.

Hier soir, alors que tu dormais comme seuls les anges le peuvent, j’ai pleuré.  Tellement pleuré.  Il y avait des sanglots qui sortaient de mon cœur enragé, impuissant, résigné.  J’avais tellement mal et j’avais tellement peur.  Une peur de p’tit gars qui crie dans le noir qu’on vienne l’aider et qui tend les bras pour qu’on le prenne.  Une peur qui taraudait mon âme parce que j’avais pris conscience d’une chose.  J’étais malade.  J’étais malade pis pas juste parce que mon médecin me l’avait dit et que toi aussi.  Non… ça m’a frappé l’esprit quand je me suis rendu compte que ma vie ne valait pas grand-chose jusqu’à maintenant.  Parce que je ne me souvenais plus des dernières fois où j’avais ri aux éclats, où mon cœur s’était emballé par peur de perdre quelqu’un que j’aimais, où j’avais vraiment fait ce que je voulais, où j’avais réalisé un rêve, où j’avais fait quelque chose juste parce que j’avais envie de le faire.

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La nourriture de l’âme, c’est les idées qui foisonnent et les mots qui manquent devant tant de beauté.  C’est les rires partagés et les œillades échangées.  Les coups au cœur, les soleils qui se couchent sur nos vies et ceux qui se lèvent dans tes yeux.  J’ai peut-être encore plus peur aujourd’hui qu’hier, mais j’ai encore une toute petite chose qui me permet de m’accrocher à la vie.

 J’ai le cœur en bataille.  Je continue d’espérer parce que je t’ai toi et parce que tu crois en moi.  Je ne voudrai pas te croire quand tu me diras que ça ira mieux, même qu’il se peut que je sois en colère que tu me mentes, mais je t’ai toi et c’est tout ce qui m’importe.  J’ai le cœur en bataille et je me battrai parce que je t’aime.

NOTICE BIOGRAPHIQUE

En 2012, Francesca Tremblay quittait son poste à la Police militaire pour se consacrer à temps plein à la création

Un récit de Francesca Tremblay…
– poésie, littérature populaire et illustration de ses ouvrages.  Dans la même année, elle fonde Publications Saguenay et devient la présidente de ce service d’aide à l’autoédition, qui a comme mission de conseiller les gens qui désirent autopublier leur livre.  À ce titre, elle remporte le premier prix du concours québécois en Entrepreneuriat du Saguenay–Lac-Saint-Jean, volet Création d’entreprises.  Elle participe à des lectures publiques et anime des rencontres littéraires.

Cette jeune femme a à son actif un recueil de poésie intitulé Dans un cadeau (2011), ainsi que deux romans jeunesse : Le médaillon ensorcelé et La quête d’Éléanore qui constituent les tomes 1 et 2 d’une trilogie : Le secret du livre enchanté.  Au printemps 2013, paraîtra le troisième tome, La statue de pierre.  Plusieurs autres projets d’écriture sont en chantier, dont un recueil de poèmes et de nouvelles.

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)


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