Hollande termine sa semaine au Vatican. On rappelle combien sa politique sociétale avait pu heurter quelques catholiques. Le mariage gay, évidemment. Quelques milliers de mariages (enfin) célébrés en moins d'un an, la civilisation occidentale est sauve. Il y a même les premiers divorces. Mais les insultes homophobes sont encore là, dans nos mémoires. Et la PMA sera encore un objet de clivage.
La ministre des droits des femmes ouvre un site d'informations sur l'IVG. Trop de faux sites d'information, vraies propagandes anti-IVG pullulent un peu partout. L'interdiction régressive de l'IVG en Espagne a réactivé les mauvais réseaux. Une manifestation dimanche dernier, quelques réacs ré-apparaissent sur les plateaux télé. A l'Assemblée, une quinzaine de députés UMP proposent la suppression du remboursement de l'IVG.
Hollande termine une semaine au Vatican. Le pape François évoque les "bonnes relations qui existent" avec la France. Hollande s'autorise une courte intervention devant la presse, mais il refuse toute question.
Ses affaires de couple ont fait sombrer une large partie de la presse, trop affairée à alimenter le feuilleton de la souffrance de Valérie Trierweiler et de Julie Gayet. Chacun peut contempler avec stupéfaction cette avalanche de ragots, photos et rumeurs. Le plus surprenant est cette propagation/contamination jusque dans des médias jugés sérieux. Même le Monde publie des croquis de Joann Sfar. La presse perd en crédibilité sur l'affaire Gayet. Que reproche-t-on à Valérie Trierweiler ? Elle parle peu, se montre peu, n'accompagne pas le président dans ses moindres déplacements provinciaux, n'a pas de fondation personnelle financée 400.000 euros parles sous du contribuable. Et pourtant, c'est une bien d'une traque dont il s'agit.
Comme s'il y avait toujours ce besoin de haine.
Le "pacte de responsabilité" annoncé par François Hollande se complète. Le président soigne ses voeux au monde socio-économique, mardi à l'Elysée. Les contreparties qu'il veut au regard des 35 milliards de réductions de cotisations familiales "ne peuvent pas être dissociées, séparées, segmentées, elles sont le pacte". Mais il en rajoute: d'autres baisses de charges pourraient suivre, le CICE pourrait être étendu. Cerise sur le gâteau, en coulisses, l'Elysée propage l'idée d'une baisse générale des impôts... pour tous !
"Vrauchistes" sincères, économistes atterrés, et même écologistes de gouvernement, la liste des critiques et des réticents est longue mais peu soudée. Les critiques tournent en boucle sur deux arguments: primo, c'est un "cadeau" inutile fait aux entreprises qui bénéficient déjà de 230 milliards d'euros d'exonération fiscale. L'argument porte. Il manque un pacte de solidarité, une réponse politique à l'inquiétude sociale qui dépasse la seule lutte contre le chômage.
Secundo, l'économie française aurait plutôt besoin d'une relance de la consommation. Rien n'est moins sûr, les avis divergent, même dans l'opposition. Et si la croissance, la vraie, ne revenait jamais ?
Mercredi, en conseil des ministres, Michel Sapin fait adopter un projet de réforme de la formation professionnelle. Il créé le Compte Personnel de Formation, un compte d'heures dédié à la formation tout au long de la vie active. Et financé de façon mutualisée pour aider les PME.
Sa collègue Najat Vallaud-Belkacem fait voter un à un les articles de sa loi sur l'égalité Femmes/Hommes: extension du congé parental des pères, appels d'offres publics soumissionnés à la parité des entreprises candidates, nouvelles protections contre les violences faites aux femmes, etc.
Ailleurs, la démocratie progresse. Ou pas. Les députés votent, enfin, la suppression du cumul des mandats. Qui protestera ? Des députés sans doute. Surtout à droite, un peu à gauche. La loi, malheureusement, ne s'appliquera qu'en 2017. Officiellement, il ne fallait pas "troubler" les scrutins en cours. On comprend que les élections intermédiaires sont suffisamment risquées de part et d'autres pour qu'on ne décourage pas les candidats à l'élection.
Manuel Valls souffre, mais masque.
Il est imprudent, ou aveuglé. Sa popularité chute, paraît-il. Quelques journaux se précipitent sur l'un de leurs sujets de prédilection, la délinquance. A droite comme dans la presse, le sujet fait vendre. Les résultats sont paraît-il mauvais. Pourtant, les statistiques sont techniquement fausses et incomparables. En 2012, la gendarmerie a changé de méthode. On regrette la hausse, marginale, des attaques violentes (+0,9%), déprimer des hausses de cambriolages. Manuel Valls avait cette vertu politique: il jouait moins des chiffres de la délinquance. Il n'exhibait pas, comme son prédécesseur Guéant, la "hausse de la délinquance étrangère" pour justifier son échec. Nulle politique du chiffre, ni mise en scène systématique. Manuel Valls était un peu plus modeste. A peine plus...
Mais la droite repart à l'attaque contre Valls. Sans honte ni gêne. Le sujet est trop urgent. La lutte contre la délinquance était cet ADN de leur ancien monarque. Impossible de laisser la gauche, fut-elle de droite, capter cet héritage, cette prétention d'efficacité. La proie trop désirable. Christian Jacob, président UMP des députés, balance contre cette " explosion de la délinquance dans tous les secteurs, sur tous les territoires".
Sans blague...
Valls tombe dans le piège qu'il s'est créé. Le jour même de cette publication, il improvise un "déplacement de terrain" près d'une zone à risque. Sait-il que nous ne sommes plus en 2002 ?
La France boude à Davos. Christine Lagarde, patronne du FMI, regrettait que les Français ne désertent l'évènement, ce grand rassemblement des riches, puissants et libéraux de ce monde. Pierre Moscovici est bien là, mais l'évènement intéresse peu. Combien d'évadés fiscaux sont-ils présents à Davos ? On apprend, à Paris, qu'Eric Woerth, alors ministre du Budget de Sarkozy, aurait fait disparaître quelque 3.300 noms de la liste d'évadés recueillie grâce à un repenti d'HSBC en 2009...
On préfère gloser, déjà, sur l'élection présidentielle de 2017. Un accrédité de l'Elysée croit savoir qu'Hollande sera candidat sur le thème de la "France Unie". Pourtant, on devrait s'inquiéter de la disparition de toute discipline républicaine. La France unie... au centre ?
Un autre journaliste s'interroge s'il y aura des primaires au PS en 2017. Nicolas Sarkozy "ré-ouvre" son compte Instagram. Encore sa comédie du retour... A Pau, pour conquérir la mairie, François Bayrou s'allie avec l'UMP et débauche quelques socialistes. A Perpignan, pour la sauver du Front national, le maire sortant recrute un chevènementiste et la liste du Parti de gauche est "désactivée" depuis Paris.
Crédit illustration: DoZone Parody