Carnet de notes et photos d'Alan Dub, reporter photographe, en mission en Birmanie, pour France Aung San Suu Kyi. Dernière partie.
Une mission qui s'achève “en beauté”!
Me voilà revenu à Rangoun après 50 minutes de vol entre la côte ouest et l'ex-capitale de la Birmanie.
Ceci est mon dernier article et les dernières photos de mon immersion au milieu des militants démocrates birmans.
Je termine "en beauté” par une importante rencontre, au nom de France Aung San Suu Kyi, avec une figure historique de la Ligue Nationale pour la Démocratie, le célèbre Tin Oo, cofondateur du Parti démocrate avec Aung San Suu Kyi en 1988 et emprisonné, puis en résidence surveillée pendant près de 20 ans.
La vieille bâtisse du 97/B West Shwe Gone Daing Street
C'est Hla Min, un des responsables de la NLD qui a été chargé d'organiser notre rencontre.
Il est 11h45 précises et me voici devant le siège historique de la NLD, au 97 B West de la rue Shwegongdaing, modeste maison à un étage, ornée du nom du parti qui trône fièrement sur la façadeusée de l'édifice. Il fait déjà très chaud en cette fin de matinée, plus de 33 degrés!
Deux jours plus tard. Il fait déjà chaud, très chaud, autour de 33 degrés en cette fin de matinée
dans les rues de Rangoon ; à l'intérieur du local, où les photos de la dame de Rangoon et de son
père, le général Aung San, ne peuvent échapper au regard, la fraîcheur est bienvenue.
Il règne ici une certaine effervescence et les militants volontaires de la NLD renseignent les
birmans qui passent, donnent des conseils, aident, remplissent des formulaires, tamponnent
avec application des dizaines de feuillets, etc. Tout ce petit monde est investi dans ses tâches,
ce qui n'empêche pas les sourires à notre approche.
Pour tous les birmans qui viennent ici ainsi que les quelques touristes, qui passent avec curiosité
Pour tous les birmans qui viennent ici ainsi que les quelques touristes, qui passent avec curiosité
voir "Le Siège" et acheter Tee shirts et autres posters à l'effigie d'Aung San Suu Kyi, seul le rez
de chaussée est accessible et l'on peut parcourir cet espace, somme toute restreint, pour
échanger avec les militants.
16/11/13 Message d'impression de Outlook
https://dub117.mail.live.com/mail/PrintMessages.aspx?cpids=c17b84c2-4b6c-11e3-8607-00215ad9be56,m&isSafe;=true&FolderID;=66666666-6666-6666-6666-… 2/3
Alors évidemment, savoir que nous sommes autorisés à monter à l'étage, lieu réservé où se
prennent des décisions importantes, et même pouvoir faire des photos (ce qui nous avait été
interdit 2 jours plus tôt), ne peut que créer une certaine émotion et fébrilité de notre part. C'est en
effet là que la dame de Rangoon a tenu certains de ses discours importants pour l'avenir de son
pays, sur la terrasse de cette modeste et petite demeure, devant des milliers de partisans de la
liberté.
La jeune birmane qui est en charge de cette interview nous prévient d'un ton doux, mais ferme :
"vous avez 5 mn, seulement 5 mn vous sont accordées et vous ne pourrez poser que 2
à 3 questions maximum". Au regard des précautions prises pour obtenir cet entretien exclusif,
nous avons compris de suite que la personnalité que nous allions rencontrer était très prise,
très respectée et surtout très importante au sein de la NLD et que nous avions donc de la
chance ! En effet, U Tin Oo est l'une des grandes figures historiques du mouvement,
impliqué dans la lutte pour la liberté et la démocratie depuis l'ère coloniale. En 90, si le régime
avait accepté le résultat des élections, cet homme, ancien officier, était l'une des 3 personnalités
pressenties pour le poste de Premier Ministre.
La jeune birmane gravit les marches et nous précède. Elle nous introduit et d'un geste élégant de
la main, nous invite à entrer dans la petite pièce, s'effaçant à notre passage et disparaît aussitôt.
Au fond, assis dans un fauteuil, un homme d'un âge avancé semble ailleurs. Tout à coup son
visage s'anime. Nous nous avançons et le saluons respectueusement, celui-ci fait mine de se
lever, mais nous l'invitons à n'en rien faire. Je lui montre ma lettre de mission tout en lui
expliquant ma démarche. U Tin Oo est un militant de la première heure, activiste pro
démocratique, général birman désormais à la retraite, il fit partie des fondateurs de la NLD.
Evidemment ses 15 ou 16 années de prison l'ont affaibli. Mais l'énergie est toujours là et la
pugnacité aussi. L'homme parle, d'un ton vif. Vice-président, Président de la NLD, statut
entrecoupé par de nombreuses périodes d'emprisonnement et d'assignation à résidence,
nous revivons avec lui les grands moments du pays, depuis l'ère de la colonisation britannique
à l'assassinat du général Aung San, de l'arrivée de sa fille en 1988 et jusqu'à nos jours.
Les minutes passent. Derrière nous, les pas de la jeune femme se font entendre, mais elle n'ose
Les minutes passent. Derrière nous, les pas de la jeune femme se font entendre, mais elle n'ose
déranger le vieil homme, ragaillardi à l'évocation de ces grands moments de combat pour la
liberté. Arrive enfin la période actuelle et les prochaines échéances électorales. Il nous confirme
déjà ce que nous avions entendu à Mandalay, au sein de la NLD locale. C'est, pour U Tin Oo,
une période cruciale dans l'avenir du pays, "tout passera par une réforme de la constitution", ditil.
" 2 clauses dans la constitution actuelle posent problème pour que Aung San Suu Kyi puisse se
présenter à la présidence de son pays : il ne faut pas avoir ou avoir eu des relations familiales
avec un étranger ET il est nécessaire d'avoir une expérience militaire pour pouvoir être
candidate", précise t'il ! La première clause date du temps du général Aung San qui avait introduit
cette mesure pour contrôler les richesses du pays et éviter que celles-ci soient captées par les
étrangers. Les militaires ont utilisé cette clause avec une interprétation plutôt très extensive,
alors même que certaines personnalités du pouvoir actuel sont mariées à des étrangers ; et U
Tin Oo de nous citer l'exemple d'un militaire marié à une indienne, et d'un autre à une anglaise.
Quant à la seconde clause, elle fait plus que sourire notre interlocuteur et il la bat d'un revers de
main. " De toute façon, le chef de l'armée est une personne peu cultivée", dit-il avec ironie.
20 mn se sont écoulées, à la grande surprise de la jeune femme qui nous a accompagnés et des
autres militants présents du rez de chaussée ! Nous prenons donc congé, non sans avoir
préalablement fait quelques photos de notre interlocuteur, ravi semble t-il de cet exercice. Je lui
laisse ma lettre de mission.
Une expression m'est restée à la suite de cet entretien exceptionnel et elle vient de U Tin Oo luimême
à propos de 2015. Elle réside en ces quelques mots. : I am optimistic.
Alan Dub, correspondant photographe pour FASSK
Aung San Suu Kyi, site français d'information et de soutien à Aung San Suu Kyi et à la Birmanie / Myanmar