Nous sommes tous des machines, rien de plus, finalement.
Des machines à chasser le mammouth ou le mégacéros et nos mains pour façonner le monde sont devenues des pelles, des pioches ou des haches; des pelles-mécaniques ou des tronçonneuses.
Nous ne sommes que des outils, finalement, et depuis ces milliers d’années passées à soulever la poussière des sentiers ou des autoroutes, nous n’avons fait que ça, affûter nos outils et nos armes, inventer le fil à couper le beurre et les grues à gratter le ciel, frotter une étincelle avec un peu de poudre dans le fût d’un canon ou d’une ogive nucléaire.
Nous sommes mécaniques, finalement, et nous perdons notre temps depuis la nuit des temps.
Le monde qui vient a besoin de jambes et de bras. Le monde à venir veut des pectoraux, des abdominaux et des triceps puissants. Le nouveau monde recherche des électrodes à brancher sur les crânes pour muscler les cerveaux, leur faire perdre toute cette masse grasse, sectionner toutes ces connections inutiles qui s’illuminent sans raison pour un oui ou pour un non. Débrancher ces neurones qui s’émerveillent de la finesse irréelle des attaches d’une main sculptée dans le marbre et s’émeuvent de la beauté des phrases d’une langue disparue que plus personne ne parlera jamais.
Débrancher le cœur, enfin. Le connecter à un vélo d’appartement. Éliminer les coups de cœur, les coups de blues et les coups de sang. Garder ses propriétés cardiovasculaires. En faire un programme d’entraînement.